Par Auteur lbl
Est-il possible de concevoir une religion sans faire appel aux récits historiques, en se basant uniquement sur les Écritures Saintes ? Peut-on baser l'islam uniquement sur le dernier Livre à l'attention de l'humanité, le Coran, en ignorant la science du hadith, aux sources de l'islam majoritaire ? C'est cette possibilité que nous allons étudier.
Avant tout, il faudrait pourvoir prétendre que les Livres Saints seuls, ne font pas partie des récits historiques classiques, mais constituent un cas à part, une source sûre, fiable, cohérente, ramenant vers un chemin droit. En ce sens, la critique des récits humains et plus particulièrement des ahadith (que l'on paut également écrire hadiths, en arabe le pluriel du mot hadith se dit ahadith), c'est à dire les récits liés au prophète est un point central de notre étude. Mais nous nous intéressons dans un premier temps au sujet de l'importance de la parole divine, que nous évoquerons à nouveau après l'analyse proprement dite des ahadith.
- Parole divine contre parole humaine
- Histoire des ahadith ou encore Histoire des histoires
- Les ahadith du point de vue du Coran
- Les aberrations de certains ahadith et les contradictions face au Coran
- Alors, sans la science du hadith, comment suivre le messager et lui obéir ?
Comme le suggère le titre, nous allons argumenter, succinctement car cela va de soi, sur la différence entre les deux paroles divine et humaine. L'homme ayant véhiculé la parole divine, on pourrait ne pas faire de distinction, sauf qu'il y a une différence, de taille, qui se situe au niveau de la créativité. Le texte émanant de Dieu est par essence parfait : il vient du créateur de toute choses y compris de l'homme qui n'est qu'une créature. La parole humaine, moins sûre et moins stable, est ainsi limitée à une vision ou une visibilité humaine, à l'image des capacités de l'Homme. Donc vouloir comparer les deux paroles est sans fondement. C'est aussi pour cette raison que la parole divine est honorée et prise au sérieux, elle est également apprise par le plus grand nombre. Enfin elle est aimée, respectée, et conservée intacte dans la plupart des cas. Plus parfaite que les meilleurs poèmes, elle demeure dans l'esprit des gens, dans leurs cœurs, comme elle fut dans le cœur des prophètes l'ayant vue/entendue. Si on recherche le mot "parole/kalimat/kalam/كلم " dans le Coran, on trouve par exemple :
[4:122] [...] Et qui est plus véridique que Dieu en parole ? [6:34] [...] Nul ne peut modifier les paroles de Dieu. [6:73] C'est Lui qui a créé les cieux et la terre, en toute vérité. Et le jour où Il dit : "Sois!" cela est. Sa parole est la vérité. À Lui la royauté, le jour où l'on souffle dans la trompe. Connaisseur de l'occulte et du visible. C'est Lui le Sage, l'Informé. [9:40] La parole de Dieu est la plus haute [...] [4:82] Ne réfléchissent-ils pas sur le Coran ? S'il provenait d'un autre que Dieu, ils y auraient trouvé de nombreuses contradictions.
En effet, la parole divine est inaltérable, elle est décret, loi. Cependant, l'être humain a commis de grands péchés à l'égard de cette parole, d'une part en ne la respectant pas, d'autre part en tentant d'en altérer le sens. Il nous est confirmé dans le Coran que "certains d'entre eux" rajoutent et retranchent des passages pour que cela ressemble à de la parole divine :
[2:75] Désirez-vous qu'ils vous croient alors que certains d'entre eux ont déjà entendu la Parole de Dieu mais l'altèrent alors sciemment après l'avoir comprise. [2:79] Malheur, donc, à ceux qui écrivent le Livre de leurs propres mains, puis disent :"Ceci vient de Dieu" pour en tirer un vil prix. Malheur à eux à cause de ce que leurs mains ont écrit, et malheur à eux à cause de ce qu'ils acquièrent. [3:78] Certains d'entre eux déforment le Livre avec leur langue pour vous faire penser que cela provient du Livre, alors que cela ne provient pas du Livre, et ils disent que cela vient de Dieu, alors que cela ne vient pas de Dieu, et ils profèrent sciemment des mensonges contre Dieu.
Par ailleurs, les articles cités en références nous fournissent assez de matière pour croire en l'utilité, l'intérêt et les raisons de tenir compte du Coran comme source religieuse. Sans oublier le fameux "un dieu une source" du Dr Rashad Khalifa, où les ahadith sont tout simplement bannis. Ce dernier s'appuie par exemple sur le verset 17:46 ci-dessous, très révélateur sur le recentrage autour du Coran, et l'appel à la non-association à Dieu (il est d'ailleurs également révélateur d'observer que le mot "seul" qui semble se référer à Dieu, peut également se référer au Coran) .
[17:46] Nous avons mis des voiles sur leur cœur, de sorte qu'ils ne le comprennent pas, et dans leurs oreilles une surdité. Et quand tu mentionnes ton Seigneur dans le Coran Seul ils tournent leur dos par aversion.
D'ailleurs voici une parabole intéressante concernant le fait de traiter avec une seule source (voir d'autres exemples dans [RASHAD]) :
[39:29] Dieu présente en exemple un homme dont les associés se querellent, et un homme en paix avec un autre homme : sont-ils égaux en comparaison ? Louange à Dieu ! Mais la plupart d'entre eux ne savent pas.
Qu'en est-il alors des autres sources transmises par les anciens ? Et surtout que valent ces fameux ahadith, qui sont rappelons-le, les récits/narrations/histoires/discours ayant été véhiculés de génération en génération, et censés rapporter fidèlement les agissements du prophète Mohammed en termes de gestes et paroles ? Sommes-nous persuadés qu'ils sont autorisés par Dieu lui-même ? A l'opposé, avons-nous la conviction qu'ils ne valent rien ?
Cette dernière question est tout aussi complexe et en quelque sorte plus troublante que la première, elle est en tout cas du premier ordre pour ceux qui, à l'instar du Dr Rashad Khalifa, souhaitent embrasser l'islam fondé sur le Coran seul (coranisme).
S'il nous est possible de chercher à répondre à nos questionnements par plusieurs approches, intéressons-nous dans un premier temps à ce que la littérature dit de ces ahadith.
La complexité, mise en évidence à ce stade de l'article, est le fait que l'on s'intéresse à la parole humaine. C'est le fait que l'on veuille en tirer ou non une information pertinente. Mais cette parole nous vient de la littérature, de l'histoire, de faits historiques. Or Il n'est pas envisageable de parler d'histoire sans être prudent. Pourtant, dans la suite nous verrons que la prudence, ou encore la démarche dite scientifique, raisonnée, n'a pas été scrupuleusement appliquée, puis, dès lors qu'on s'intéresse de près au passé, des négligences d'envergure nous sont révélées.
Nous avons évidemment le choix de croire ou de refuser de croire à un récit quelconque. Il en va de même pour un ensemble de récits, mais on doit néanmoins garder en tête que tout récit nous provient de l'histoire, au moyen de la parole humaine. Ainsi, la critique des ahadith doit se faire avec humilité. De même qu'au risque de tomber en contradiction par rapport à notre manière de penser, on ne peut s'octroyer le loisir de s'enfermer dans une doctrine inflexible et sévère. Plus clairement, on peut bien sûr refuser des récits mais il nous faut laisser la place au doute. La position illustrée par l'expression "ce récit est certainement faux" n'est pas plus louable que la position qui consiste à dire "ce récit est certain" , mais en quelque sorte la rejoint. Le positionnement humble, craignant le Seigneur, redoutant toute affirmation, est plus en adéquation avec la démarche raisonnée, scientifique. Le refus préalable de toute doctrine figée devrait conduire à une clairvoyance et à une saine compréhension. Des formules plus raisonnables seraient du type : " nous pensons que l'histoire est vraie et nous en tenons compte" ou "nous pensons que l'histoire est fausse" ou encore "nous ne tenons pas compte de l'histoire racontée".
La crainte de s'égarer étant une préoccupation majeure, celle-ci devrait être considérée aussi, et à juste titre, par les défenseurs de récits, qui au bout du compte, n'en assurent aucunement la provenance ni la validité. Défendre à tout prix "ce dont nous n'avons savoir" constitue un risque à prendre au sérieux :
[17:36] Ne suis pas ce dont tu n'as savoir. L'ouïe, la vue et le cœur, tout cela fera l'objet de questions.
Ainsi, le travail/jihad intellectuel à fournir est de discerner par des moyens d'analyse le vrai du faux, le vraisemblable de l'invraisemblable, puis de prendre éventuellement des décisions en croisant les analyses. La démarche ici est, en autres, d'opposer Coran et hadith, logique et hadith, hadith et hadith.
Naturellement, dans cet article, nous utiliserons le conditionnel pour matérialiser notre prudence. Il s'agit en effet d'un article traitant tout particulièrement de la fiabilité des récits anciens et de tout ce qui nous est transmis. Le lecteur n'est invité qu'à lire puis vérifier par lui-même les arguments formulés. Il est également invité à la réflexion, au débat, à la correction les imperfections. Bien évidemment nous admettons que l'être humain peut éclairer l'être humain, et qu'il en a la vocation.
Pour commencer, intéressons-nous aux êtres humains ayant tenté de nous rapporter la parole du prophète Mohammed. Par exemple, au rapporteur de ahadith le plus cité et le plus suivi par les sunnites : Al-Boukhari.
En effet, comment parler de hadith, de tradition prophétique/sirat nabawiyat, sans évoquer celui à qui revient une grande part du "marché". L'expression n'est pas exagérée puisqu'il s'agissait bien d'une sorte de marchandise qu'il fallait se procurer chez les gens, puis qu'il a fallu trier. A son époque, c'est à dire environ 200 ans après Mohammed, Al-Boukhari s'est donc attelé à récolter puis trier le maximum de narrations concernant les us et coutumes du prophète, et par la même occasion, de ses compagnons et frères de combat.
On pourrait croire dans un premier temps qu'il agissait ainsi de bonne foi, afin de compléter une religion qui ne disposait que du Coran comme manuscrit expliquant la façon de vivre sa foi. Mais cette idée a tendance à s'estomper lorsqu'on étudie son cas et les circonstances dans lesquels les ahadith ont été rassemblés.
Également, comment parler de hadith en ignorant le très controversé Abou Hourayra à l'origine de plus de 26% des ahadith rapportés par Al-Boukhari, à hauteur de 68% au moins pour les ahadith rapportés par Mouslim. Ayant vécu à l'époque des premiers Califes, il semble avoir été l'un des pionniers du hadith, et l'un des premiers à y avoir pris plaisir, au point d'avoir attiré sur lui de nombreuses critiques. Voici un passage tiré de l'article de Mohamed Louizi [LOUIZI] :
Le nombre de hadiths recueillis par Abu Hurayra par rapport à Aïcha, Abu Bakr, Omar et Ali (tiré d’un livre intitulé La Littérature des hadiths : son origine, développement & caractéristiques spécifiques, par Mohammed Zubayr Siddiqui) sont : Abu Hurayra 5374, Aïcha 2210, Umar Ibn al-Khattab 537, Ali Ibn Abi Talib 536, Abu Bakr al-Siddiq 142. Comparez le nombre de hadiths recueillis par Abu Bakr à ceux d’Abu Hurayra tout en gardant à l’esprit qu’Abu Bakr a accompagné le Prophète pendant environ 23 ans, alors qu’Abu Hurayra est resté en compagnie du Prophète pendant moins de 2 ans.
A propos du temps passé auprès du prophète, l'auteur, après plusieurs hypothèses sur l'âge de conversion d'Abou Hourayra conclut ainsi : "Par conséquent, il n’a jamais été le compagnon rapproché du prophète".
Une des premières indignées serait Aïcha, l'épouse du prophète. Elle soupçonne Abou Hourayra d'avoir menti sur sa prétendue proximité avec le prophète, et le contredit avec des exemples. La réponse de l'accusé, connu pour sa misogynie, aurait été la suivante : «Au moment où j’accompagnais le prophète de plus près pour apprendre ses hadiths, toi, tu t’occupais plutôt de ton miroir, de ta boîte à khôl et de tes crèmes de beauté » (voir également [A.MUHAMMAD]).
D'autres reproches viendraient du deuxième Calife Omar Ibn Al Khattab. Ce dernier lui aurait interdit la propagation de ses ahadith, et voyait en lui une personne peu fiable. Dans une autre affaire de détournement d'argent public, il lui aurait infligé de sanglants coups de fouet. Ce n'est qu'à la suite de l'assassinat du Calife qu'Abou Hourayra aurait repris son activité fétiche de diffusion des ahadith. D'ailleurs des soupçons pèsent sur ce dernier au sujet de son implication dans l'assassinat. Compte tenu de l'attitude du Calife, Mohamed Louizi rajoute : "Omar était un coraniste affirmé et hostile à ladite sunna prophétique" .
Pour en revenir à Al-Boukhari, selon la tradition, son mérite aurait été d'avoir transcrit et authentifié les ahadith. Il se serait assuré que les milliers de discours/récits/dialogues retenus étaient vrais. D'où le nom de son fameux recueil "Le Véritable d'Al-Boukhari/sahih al-boukhari". Alors, naturellement, deux cas se présentent : soit il s'agit d'un homme ayant fait une bonne œuvre, donc d'un contriibuteur/moujtahid, soit il s'agit d'un infidèle. Le sunnisme actuel étant fortement imprégné de ces ahadith réputés authentiques, on peut affirmer que la responsabilité historique d'Al-Boukhari est immense. Si ce dernier fait vraiment partie des justes, des favorisés pour accomplir une mission de grande ampleur, tant mieux pour lui. À titre comparatif, il ressemblerait aux vertueux rapporteurs de la Bible après Jésus (dans l'hypothèse parfaite où l'histoire de la Bible est celle que l'on connaît). Dans le cas contraire, il devra répondre de l'égarement de foules après la publication de son Sahih Al-Boukhari. Dans cette configuration, la faute qui incombe aux suiveurs serait leur trop grande crédulité, et leur manque de courage pour franchir le pas d'étudier et vérifier les informations réceptionnées, comme le voudrait le Coran :
[17:36] Ne suis pas ce dont tu n'as aucune connaissance. L'ouïe, la vue et le cœur, tout cela fera l'objet de questions. [6:144] [...]Qui est donc plus injuste que celui qui a forgé le mensonge contre Dieu pour égarer les gens sans la moindre science ? Dieu ne guide pas les gens injustes. [49:6] Ô vous qui avez cru, si un dépravé vous apporte une nouvelle, tirez-la au clair, de peur d'atteindre des gens par ignorance, et de regretter ensuite ce que vous avez fait.
La Bible, ou plus exactement ce qui nous en est parvenu (la critique des ahadith peut être extrapolée à celle des récits bibliques, il apparaît d'ailleurs une forte similitude entre les procédés ancestraux chrétiens et musulmans), récit plus ancien que le Coran révèle également le même type d'arguments :
[Jérémie 29:8] Car ainsi parle l'Eternel des armées, le Dieu d'Israël: Ne vous laissez pas tromper par vos prophètes qui sont au milieu de vous, et par vos devins, n'écoutez pas vos songeurs dont vous provoquez les songes! [Matthieu 24:4,5,11,23-25] Jésus leur répondit: Prenez garde que personne ne vous séduise[...].
Ainsi la faute est partagée entre le suiveur et le suivi. Cela dit, sachant que Dieu contrôle tout, les suiveurs ne sont égarés que par volonté divine (d'ailleurs tout est sous contrôle mais on touche ici au sujet plus vaste des finalités, du pourquoi et du comment de notre création et du jugement dernier) :
[28:56] Tu ne guides pas celui que tu aimes, mais c'est Dieu qui guide qui Il veut. Il connaît mieux les bien-guidés.
En tout cas, une très grande responsabilité pèse sur ce personnage ; la tradition nous certifie que ce dernier en était conscient et qu'il a pris ses précautions pour mener à bien son immense travail de tri.
Sous l'hypothèse de la validité des "Sahihs", le corpus divin aurait été à peu près transmis dans l'ordre suivant : Dieu puis Gabriel puis Mohammed puis Al Boukhari...
Ainsi l'amour que l'on sait porté à Mohammed, ne devrait avoir de pareil que l'amour pour Al Boukhari. Pourtant nombreux sont ceux qui ne connaissent pas bien ce personnage. De plus il est loin d'être chéri autant que Mohammed. Son nom ne semble pas être aussi important que le contenu de ses messages, c'est à dire les paroles du prophète qu'il aurait rapportées. D'ailleurs, beaucoup de musulmans s'attachent à rappeler des anecdotes/ahadith sur la vie du prophète, plus ou moins fidèles aux textes des rapporteurs tels qu'Al Boukhari, sans vraiment mentionner de sources. On devine bien que l'essentiel pour eux est de raconter une histoire intéressante et d'en tirer une morale, sans se préoccuper des détails. On peut ainsi facilement assister de nos jours, lors de rassemblements, lors de festivités, à des discours qui nous fournissent un échantillon du plaisir que peuvent procurer les anecdotes du prophète, surtout lorsqu'elles sont racontées par des habitués du logos. Ce qui déjà, intuitivement, en dit long sur le sérieux des narrations qui datent de 14 siècles.
Il existe par ailleurs d'autres rapporteurs et authentificateurs de hadith de renom, comme Mouslim ou Al-Tirmidhi, qui ont opéré de manière similaire à Al-Boukhari, sans pour autant que les uns valident entièrement les autres. On se contentera, à titre indicatif, de la biographie d'Al-Boukhari.
On peut lire sur l'imam qu'il est Persan et non Arabe, on peut lire également : "Les récits sur la persévérance de l’imam Al-Boukhârî, qui ne cessa de voyager vers l'un ou l'autre des territoires islamiques pour rassembler les propos du prophète de l'islam Mahomet, à rassembler les hadîth sont nombreux. Il aurait rassemblé près de 600 000 Hadîths (voir l'introduction de l'auteur dans son al-Jâmi'us-Sahih) et en aurait mémorisé 200 000." [WIKI]
On retient alors que sur le nombre monstrueux de narrations rassemblées, seulement 7275 ont suscité l'intérêt de l'imam, soit autour de 1%. Mais que valent alors la majorité des ahadith qu'Al-Boukhari aurait pris le temps d'écouter, de rassembler, d'apprendre, et éventuellement d'écrire ? Aurait-il interrogé trop de personnes non sérieuses, parmi les Arabes et les Persans ?
D'ailleurs, d'un point de vue mathématique, les nombres annoncés sont loin d'être convaincants. En effet, si par exemple on considère un rythme d'écoute, voire de mémorisation, de 16 ahadith par jour, ce qui est déjà considérable, il lui faudrait environ 102 années de sa vie pour atteindre les 0,6 million de ahadith (sans s'arrêter un seul jour ) ! Quant à la mémoire d'Al Boukhari, elle serait capable de retenir l'équivalent de 32 fois le Coran (sous l'hypothèse d'assimiler la taille d'un hadith à celle d'un verset) !
Pourquoi n'a -t-il pas abandonné son entreprise ? Par dévotion, foi, ou par opportunisme, intérêt personnel ? Restons neutres et disons qu'à ce stade les deux possibilités sont envisageables, mais le lecteur pourra être tenté par l'une ou l'autre des positions, in fine, Dieu seul sait.
Toujours au conditionnel, si on se fie aux partisans de l'imam, celui-ci aurait retenu les histoires qu'il avait entendues à plusieurs reprises et provenant de rapporteurs précédents fiables (chaîne de transmission infaillible). L'un d'eux, qui vécu du temps du prophète est Abu Hourayra, vivement critiqué jusqu'à nos jours ([LOUIZI], [A.MUHAMMAD], [SOUMISSION], [ISLAMLAB], [DUKHANI]). Ignorait-il la réputation de ses référents ?
En tout cas pour rassurer les partisans de l'imam, on s'employait à l'idéaliser, comme s'emploient aujourd'hui de nombreux sunnites et chiites à idéaliser les fondateurs des traditions religieuse auxquelles ils sont attachés. Par exemple, voici comment Al Boukhari nous est décrit [WIKI] :
« On rapporte qu’Abu Abdullah, Muhammed Al-Bukhari a perdu la vue lors de sa petite enfance, et qu’il a retrouvé la vue après une invocation de sa mère qui avait fait un rêve pieux... ».
« Il est aussi rapporté que l’imam Al-Boukhârî naquit au temps où on falsifiait les hadîth pour faire plaisir aux souverains et aux rois ou pour corrompre la religion de l’islam. L’imam Al-Boukhârî (avant de rassembler le Sahih Al-Boukhârî) avait vu dans un rêve, comme s’il était debout devant Mahomet portant un chasse-mouches à la main qu’il utilisait pour chasser les mouches autour de ce dernier. L’imam Al-Boukhârî demanda l'interprétation de ce rêve et on lui dit qu’il chasserait les mensonges attribués au prophète de l'islam.»
Les narrateurs d'autrefois n'auront de cesse de justifier leur point de vue, quitte à employer des scènes miraculeuses. Il savent qu'on accorde plus de crédit à un miraculé. Ils ont crée des ahadith postérieurs à Al Boukhari, justifiant ce qui précède. En effet, ces récits, qui concernent le narrateur/mouhadith Al-Boukhari, sont bel et bien des ahadith.
Compte tenu des failles observées, et munis d'un jugement dépassionné, peut-on encore croire en l'efficacité de toute la chaine de transmission ?
Ce qui peut inquiéter également le lecteur c'est le côté interminable des chaines de transmission. Mais à moins d'une réforme admise à l'unanimité, ou d'un dictat généralisé - choses utopiques - , on peut difficilement faire autrement ! Le processus des ahadith semble être dans la nature humaine...En réalité, à l'ère de la globalisation, du tout numérique, à l'ère de la modernisation des pays musulmans, les risques de prolongation de la chaîne apparaissent faibles. Pour clore cette digression, rajoutons que même à notre époque de transparence, rien ne nous garantit la fin des ahadith.
On s'étonne ensuite de découvrir que l'imam a vécu à une époque où on falsifiait les ahadith. Outre le côté décevant, on se demande si l'imam avait bien "la tête sur les épaules". En effet il chercha des méthodes pour parfaire son tri mais en aucun cas n'envisagea de s'abstenir. On comprend bien qu'il a fallu redoubler d'effort pour convaincre les gens de l'authenticité des "Sahihs".
Petit à petit, probablement par le travail de guides spirituels trop crédules ou tout simplement traîtres, la remise en cause des ahadith deviendra un tabou. Après deux siècles de relative liberté d'expression, les douze siècles qui ont suivi ont connu des niveaux de répression et d'endoctrinement élevés. Il n'y a plus de place au doute, à l'incertitude, à l'étude en général et à l'analyse du Coran en particulier. En somme une réforme de l'islam que l'on peut qualifier de précoce, a vu le jour très tôt. De nos jours, de plus en plus de voix s'élèvent pour exprimer le fait que les conséquences de cette réforme ont été désastreuses.
Revenons-en aux citations, dont celle-ci, qui indique les remèdes employés par l'imam pour plus d'assurance :
« Al-Bukhari dit que chaque fois qu’il enregistrait un hadîth dans son recueil, il faisait les ablutions, effectuait une prière de deux Rakaas et suppliait son Seigneur (Dieu) - voir. Al-Fath'ul Bâri, d'Ibn Hajar Al-Askalâni. »[WIKI].
Cette révélation met en lumière les doutes de l'imam, et, chose qui aurait du attirer l'attention de ses contemporains, comptait beaucoup sur l'aide de la providence, malgré toutes les précautions prises à cette époque de falsification des ahadith.
Contrairement à l'avis sunnite ou chiite majoritaire, il est légitime d'avoir un œil critique sur l'efficacité de ces méthodes. Au vu des diverses analyses, Il parait même légitime de remettre en cause ce qui nous est rapporté de cette époque.
De plus, (on nous rapporte que) des désaccords existaient entre narrateurs/mouhadithin, c'est ainsi que la neutralité d'Al-Boukhari a été remise en cause indirectement par Mouslim, qui n'avait pas confiance en toute sa chaîne de transmission.
Prenons un exemple simple, dans le célèbre livre « Al-Mustadrek », l’auteur affirme que Bukhari a listé des hadiths de 434 personnes qui n’ont pas été acceptées par Muslim dans son livre « Sahih Muslim », car indignes de confiance. D’un autre côté Muslim a accepté pour son livre 625 personnes qui ont été refusées par Bukhari [A. Muhammad].
Mouhammad Al-Boukhari semble avoir commis d'autres négligences dont le fait d'avoir adopté des narrations provenant d'enfants en bas âge, comme un certain Mahmoud Ibn Al-Rabi (5 ans), ou le fait d'avoir consacré dans son Sahih de nombreuses pages au chef Abbasside Abdallah Ibn Abbas. À l'instar d'Abou-Hourayra, les orientations sunnites d'Al-Boukhari en faveur de Muawiya sont palpables [SOUMISSION].
Enfin tout cela finit par compromettre l'idée de se baser uniquement ou même essentiellement sur les récits d'Al-Boukhari. Surtout s'il s'agit, disons le mot, d'un infidèle ayant profité de la crédulité de fidèles.
Toujours est-il que le monde musulman dans sa majorité refuse de revenir en arrière et d'étudier historiquement le bien fondé des récits des anciens. Ce refus est lié à une foi aveugle en des personnes, à une confiance excessive accordée aux anciens, ainsi qu'à l'inconfort que procurerait l'idée de changer d'habitudes, l'idée de dépenser d'un peu de soi. Dans des sociétés aux traditions fortement ancrées, l'isolement est également un obstacle au changement.
[43:22] Ils dirent plutôt : "Nous avons trouvé nos ancêtres sur une voie, et nous sommes bien guidés sur leurs traces". [7:28] Quand ils commettent une infamie, ils disent : "Nous l'avons trouvée pratiquée par nos parents, et Dieu nous l'a ordonnée". Dis : "Dieu n'ordonne pas l'infamie. Dites-vous contre Dieu ce que vous ne savez pas ?"
Au nom de la foi en des personnes qui nous sont inconnues a-t-on le droit d'arrêter d'étudier ? Quelle serait la valeur du Coran ou de tout Livre Saint dans ce cas ? La fonction première des Écritures n'est-elle pas de guider les hommes tout au long de leur vie ? Ne voit-on pas dans la parole divine un guide spirituel rapproché de l'Homme, au point de lui répondre à chaque instant de sa vie ?
Il n'est pas inutile de rappeler ici que suivre des individus de manière passionnée fait partie des positions dangereuses et que seul le retour à la raison permet d'y voir clair. Une confiance ne peut être accordée s'il y a contradiction avec le décret Divin, dont le Coran est une traduction en langue arabe. Nous pensons également qu'il est vain d'aller trier le vrai du faux dans la parole humaine, surtout après plusieurs siècles de diffusions de ahadith dans toutes les directions.
Un autre argument que l'on peut évoquer est la difficulté de mémorisation des discours, mise en évidence dans le jeu Chinese whispers (voir également l'article [A.MUHAMMAD2]). Comme le montre l'article, il est très difficile de retenir la totalité du discours d'une personne sans l'écrire aussitôt. Il en est de même de l'observation des gestes d'une personne. Rappelons qu'Al-Boukhari aurait rassemblé des ahadith oraux environ 200 années après la mort du prophète.
Mais nos ancêtres n'ont pas baissé les bras, ils avaient des arguments pour nous conforter, par exemple l'idée souvent véhiculée que les Anciens étaient de très bons mémorisateurs. Une idée reçue de plus, dont nous allons parler dans ce qui suit.
Afin d'appuyer leurs propos, les partisans du hadith attribuent aux Anciens des facultés de mémorisation hors normes (il est en en effet plus rassurant de se fier à des mémorisateurs). Ils s'obstinent à voir en l'oubli une maladie contemporaine. Or il est évident que l'oubli est une caractéristique humaine, de tout temps. Les doutes et les précautions d'Al-Boukhari en sont un premier exemple. Dans l'histoire invraisemblable de la cape magique rapportée par Abou Hourayra, on découvre que les anciens pouvaient oublier les dires du prophète, sauf lui. Rappelons le contexte : il essayait de justifier sa proximité avec le prophète et sa position de digne narrateur. En revanche l'histoire semble en dire long sur la crédulité des Anciens puisqu'il est très probable qu'Abou Hourayra ait trahi son entourage.
« Vous dites qu’Abou Hourayra abonde trop dans la transmission des hadiths du prophète. Eh bien ! Mes compagnons immigrés [les Mouhajiroun] étaient occupés par leurs commerces dans les marchés et mes compagnons indigènes [les Ansâr] faisaient accroître leurs richesses (Et dans une autre version, les Ansâr étaient occupés par leurs terres). Pendant ce temps, j’étais un homme pauvre qui ne se détachait pas du Messager de Dieu. Je tenais à être toujours présent quand eux s’abstenaient et je retenais dans ma mémoire quand eux oubliaient. Et puis un jour, le prophète nous a dit : Que celui qui étale devant moi son habit tout en écoutant ma parole (hadith) puis le retire à lui, celui-ci n’oubliera jamais ce qu’il aura entendu de moi. J’ai alors étalé ma cape et il m’a dit des ahadith, puis je l’ai retiré à moi. Par Dieu ! Depuis, je n’ai rien oublié de ce que j’ai entendu du prophète. De plus, je ne vous aurais jamais rapporté des hadiths si cela n’était pas une obligation, car Dieu dit : « Ceux qui dissimulent ce que nous avons fait descendre de preuves et de guidance, après même les avoir explicitées aux hommes dans l’Ecriture, ceux-là Dieu les maudit, et les maudisse qui les maudira » [LOUIZI].
Il n'est pas nécessaire d'en dire plus. An revanche, en parcourant le Coran, on y découvre qu'il évoque raisonnablement le sujet de l'oubli, heureusement, car il se veut Vérité et Sagesse. Voici, à titre illustratif, quelques exemples d'apparition du mot "oubli" :
[2:286] Dieu n'impose à quiconque que selon sa capacité. À lui ce qu'il a acquis, et contre lui ce qu'il a commis. "Notre Seigneur, ne nous sanctionne pas si nous oublions ou si nous faisons des erreurs. Notre Seigneur, ne nous charge pas d'un fardeau comme celui dont Tu as chargé nos prédécesseurs. Notre Seigneur, ne nous impose pas ce que nous ne pouvons supporter. Efface nos fautes, pardonne-nous et fais-nous miséricorde. Tu es notre Maître, secours-nous donc contre les gens dénégateurs". [6:68] Quand tu vois ceux qui s'enlisent à propos de Nos signes, détourne-toi d'eux jusqu'à ce qu'ils s'engagent dans d'autres hadiths. Et si le diable te fait oublier, alors, dès que tu te rappelles, ne reste pas avec les injustes [12:42] Et il dit à celui des deux dont il pensait qu'il serait sauvé : "Mentionne-moi auprès de ton seigneur". Mais le diable lui fit oublier de le mentionner à son seigneur. Il resta alors en prison quelques années. [18:61] Puis, lorsque tous deux eurent atteint le confluent, Ils oublièrent leur poisson qui prit alors librement son chemin dans la mer.
Tout comme les autres messagers, Mohammed n'a fait que suivre ce qui lui a été révélé, et donc n'a pas improvisé sa religion, mais l'a déduite. Il ne s'est pas proclamé créateur et n'a pas souhaité qu'on le prenne pour un dieu. Il est de manière générale un bon exemple de conduite, surtout à son époque, mais, comme le Coran est suffisant, sa conduite et ses agissements ne devraient pas nous intéresser après sa mort. Il a laissé un Livre pleinement détaillé.
[6:114] Chercherai-je un autre juge/législateur que Dieu, alors que c'est Lui qui a fait descendre vers vous le Livre détaillé ? Ceux auxquels Nous avons donné le Livre savent qu'il est descendu de ton Seigneur avec la vérité. Ne sois donc pas parmi les sceptiques. [46:9] Dis : "Je ne suis pas une innovation parmi les messagers. Je ne sais pas ce que l'on fera de moi, ni de vous. Je ne fais que suivre ce qui m'est révélé. Je ne suis qu'un avertisseur clair". [3:144] Mohammed n'est qu'un messager ; d'autres messagers sont passés avant lui. S'il mourait ou était tué, retourneriez-vous sur vos talons ? Quiconque retourne sur ses talons ne nuira en rien à Dieu. Dieu récompensera les reconnaissants.
Encore une fois, le prophète ne faisait que suivre ce qui lui a été révélé : le Coran. Les verset suivants sont essentiels pour lever certains doutes :
[5:48] Nous avons fait descendre vers toi le Livre, porteur de vérité, confirmant le Livre qui le précédait, prépondérant sur lui. Juge donc entre eux selon ce qu'a fait descendre Dieu, et ne suis pas leurs désirs, loin de la vérité qui t'est parvenue. Pour chacun de vous Nous avons établi une loi et une voie. Si Dieu avait voulu, Il aurait fait de vous une communauté unique. Mais Il vous éprouve dans ce qu'Il vous a donné. Rivalisez donc dans les bonnes œuvres. Vers Dieu est votre retour à tous, puis Il vous informera de ce en quoi vous divergiez. [6:19] Dis : "Qu'y-a-t-il de plus grand en fait de témoignage ?" Dis : "Dieu. Il est témoin entre moi et vous, ce Coran m'a été révélé pour que je vous avertisse par lui, ainsi que tous ceux qu'il atteindra. Allez-vous témoigner qu'il y ait d'autres divinités avec Dieu ?" Dis : "Jene témoigne pas". Dis : "Il n'y a que Lui, Divinité unique. Je suis innocent de ce que vous Lui associez".
Ils viennent donc confirmer d'autres versets conférant au Coran un rôle de guide spirituel autosuffisant. Le verset suivant, qui peut s'adresser aussi bien à Mohammed qu'à l'Ange Gabriel, tous deux messagers de Dieu et transmetteurs du Coran, est très menaçant en ce qui concerne toute modification du message divin :
[69:38] Je jure par ce que vous voyez, [69:39] et par ce que vous ne voyez pas, [69:40] que ceci est la parole d'un noble messager, [69:41] et que ce n'est pas la parole d'un poète - mais vous ne croyez que très peu - [69:42] ni la parole d'un devin - mais vous vous rappelez bien peu. [69:43] Une descente du Seigneur des mondes. [69:44] S'il avait inventé certains propos à Notre sujet, [69:45] Nous l'aurions saisi de la main droite, [69:46] puis Nous lui aurions tranché l'aorte, [69:47] et aucun d'entre vous n'aurait pu Nous en empêcher. [69:48] C'est un rappel pour ceux qui se prémunissent.
Ainsi l'importance du Coran et sa supériorité sur le hadith, et sur tout autre livre n'est plus à démonter. On peut y voir une exception, une nouveauté dans les moyens déployés pour accompagner les humains vers une religion/mode de vie. La fracture est bel et bien établie pour cette dernière révélation. Certainement parce qu'elle s'adresse à l'humanité toute entière.
En revanche le verset suivant dévoile les doutes du prophète, et appuie l'idée qu'il n'a pas reçu la révélation dans le confort le plus total. On s'interroge alors sur la manière dont les versets ont été révélés, ce qui constitue le sujet très vaste englobant la "descente"/nouzoul - tanzil ainsi que la révélation/wahi. D'ailleurs ce sujet a fait l'objet de quantités de ahadith
[10:94] Si tu es en doute au sujet de ce que Nous avons fait descendre vers toi, interroge ceux qui ont lu le Livre avant toi. La vérité t'est parvenue de ton Seigneur, ne sois donc pas parmi les sceptiques. [10:95] Ne sois pas de ceux qui ont traité de mensonges les signes de Dieu, sinon tu serais du nombre des perdants.
Soucieux de ne transmettre que le Coran, le messager aurait sagement mis en garde contre les ahadith. L'histoire nous rapporte même des ahadith dans ce sens, ce qui est d'ailleurs paradoxal car ces ahadith interdisent l'emploi des ahadith ! L'article [A.MUHAMMAD] recense quelques unes de ces narrations en totale contradiction avec la tradition car ils incitent à ne rien écrire sur la vie du prophète :
Ibn Saïd Al-Khudry a rapporté que le messager de Dieu a dit : « N’écrivez rien de moi, excepté le Coran. Quiconque écrit autre chose que le Coran doit l’effacer. » (Ahmed, Vol. 1, page 171, et Sahih Muslim, Zuhd, Livre 42, Numéro 7147)
On trouve au moins sept récits similaires dont un provenant d'Abou Hourayra. Ce dernier semble avoir rejoint le lot quitte à être en contradiction avec sa manière de procéder (on imagine bien qu'il ne pouvait pas non plus se discréditer en faisant bande à part pour un hadith aussi répandu).
Le livre « Ulum Al-hadith » d’Ibn Al-Salah, rapporte un hadith d’Abu Hourayra dans lequel Abu Hurayra dit : le Messager de Dieu est venu nous voir alors que nous écrivions ses hadiths et dit : « Quels sont vos écrits ? » Nous avons dit : « des hadits que nous entendons de toi, messager de Dieu. » Il dit : « Un livre autre que le livre de Dieu? ». Nous avons dit : « Devons-nous parler de toi ? ». Il a dit : « parlez de moi, ce sera très bien, mais ceux qui mentiront iront en enfer ». Abu Hurayra dit : « Nous avons recueilli ce que nous écrivions des hadiths et les brûlâmes dans le feu ».
Relatons un argument de plus mettant en lumière les contradictions des récits : l'un des discours les plus sûrs, qui pourrait être celui prononcé lors du pèlerinage d'Adieu du prophète, affiche trois versions différentes. On nous rapporte qu'il a été entendu par des milliers de fidèles, pourtant on nous en fournit plusieurs variantes : l'une favorable aux chiites, l'autre aux sunnites et enfin la troisième plus favorable à ceux que l'on définit comme coranistes (les musulmans admettant le Coran comme source suffisante de l'islam). Voici le discours en question (voir aussi [SOUMISSION]) :
« J’ai laissé parmi vous ce qui, si vous vous y tenez fermement, vous préservera de l’égarement : le livre de Dieu et ma famille ». « J’ai laissé parmi vous ce qui, si vous vous y tenez fermement, vous préservera de l’égarement : le livre de Dieu et ma Sunna ». « J’ai laissé parmi vous ce qui, si vous vous y tenez fermement, vous préservera de l’égarement : le livre de Dieu »
Sur le principe, les coranistes ne devraient pas se réjouir de cette dernière version car censés ne pas recourir aux ahadith (humains) !
Au delà la vie du prophète, ses compagnons, et les Califes successeurs auraient également craint la diffusion de narrations et ont dû rappeler à l'ordre des conteurs tels que sir Abou Hourayra que n'aurait probablement pas connu le prophète (ou à peine durant deux années). Voici le hadith attribué au deuxième Calife Omar Ibn Al-Khattab :
«Je voulais écrire le Sun’an, et je me suis souvenu des peuples qui nous ont précédés, ils avaient écrit d’autres livres à suivre et ont abandonné le livre de Dieu. Et je ne remplacerai jamais, je le jure, le livre de Dieu avec quoi que ce soit d’autre » Jami ‘Al-Bayan 1/67.
Ali Ibn Abu Talib, le quatrième calife, dit dans un de ses discours : « Je demande instamment à tous ceux qui ont des écrits tirés du Messager de Dieu de rentrer chez eux et de les effacer. Les peuples avant vous ont été anéantis parce qu’ils suivaient les hadiths de leurs savants et délaissaient le livre de leur Seigneur « . (Sunan Al-Daramy) [LOUIZI].
Cette dernière citation, même s'il n'y a rien de sûr que le fait qu'elle est ancienne, nous réconforte sur un point : au moins une voix s'est élevée au début de l'islam pour refuser les ahadith. En réalité, d'après ce qui a été dit précédemment, elle ne serait pas la seule.
Quant au Calife Omar Ibn Abdel-Aziz, il aurait permis la rédaction des ahadith, dans l'optique stratégique d'éviter la propagation de faux. Même pris au dépourvu, et comme ses prédécesseurs, permettons-nous un reproche : il aurait dû adopter le sage point de vue du refus du hadith.
Pour un petite idée de la suite des événements, nous pouvons reprendre ce passage synthétique de l'article [SOUMISSION] :
"Cette interdiction des hadiths a continué jusqu'à ce qu'Omar Ibn Abdel-Aziz ait permis l'écriture des hadiths et de la sounna, alors beaucoup de livres ( et Kararees) sont apparus contenant des hadiths, comme par exemple Ibn Greeg, Malik Ibn Anas, Mohammed Ibn Is'haq. Le plus fameux d'entre eux a été le livre de Malik Ibn Anas (al-Muwatta) qui contenait 500 hadiths. A la fin du deuxième siècle les livres connus comme (Musnad) sont apparus, par exemple le musnad d'Ahmed Ibn Hanbal qui contient environ 40 000 hadiths. Dans la première moitié du troisième siècle les fameux six livres de hadiths sont apparus et ce sont les livres utilisés par beaucoup des savants de nos jours. 1- Sahih Bukhary. 2- Sahih Moslem. 3- Sunan Abu Daoud. 4-Sunan Al-Termethy. 5-Sunan Al-Nesaay. 6- Sunan Ibn Mageh."
Nous avons déjà confronté la parole humaine au Coran et nous avons observé une évidente différence. Les dimensions ne sont pas comparables même si les deux utilisent des mots connus. Le mot hadith ne fait pas partie des mots rares du Coran, il exprime tantôt le sens de parole/discours/langage, tantôt le sens de fable/histoire/anecdote/récit/conte ; d'ailleurs sémantiquement les deux sens se rejoignent : en fin de compte le mot hadith exprime le fait de parler. Voici une liste exhaustive de son apparition au singulier (hadith - حديث) ainsi qu'au pluriel (ahadith - أحاديث) :
4:42, 4:78, 4:87, 4:140, 6:68, 7:185, 12:111, 18:6, 20:9, 31:6, 33:53, 39:23, 45:6,
51:24, 52:34, 53:59, 56:81, 66:3, 68:44, 77:50, 79:15, 85:17, 88:1, et au pluriel (ahadith) 12:6, 12:21, 12:101, 23:44, 34:19.
Dans plusieurs des versets cités, le mot n'est pas mis en avant, il ne constitue pas le sujet principal, comme par exemple dans les versets 4:42, 4:78, 4:140, 6:68, 33:53, 66:3.
[66:3] Lorsque le prophète confia en secret des paroles/ hadith à l'une de ses épouses et qu'elle l'eut divulgué, Dieu lui dévoila cela. Il en fit connaître une partie et laissa une autre partie. Puis, quand il l'en eut informée, elle dit : "Qui t'a informé de cela ?" Il dit : "C'est le Connaissant, l'Informé qui me l'a divulgué".
Ce qui nous donne alors peu d'indices dans le contexte de notre étude. En revanche, les nombreux autres versets recèlent pour notre étude d'intéressantes informations. Afin de rester exhaustif, voici une traduction des versets en question :
[4:87] Dieu, il n'y a de divinité que Lui. Il vous rassemblera au Jour de la Résurrection, pour lequel il n'y a pas de doute. Et qui est plus véridique que Dieu en hadith ? ( الله لا إله إلا هو ليجمعنكم إلى يوم القيمة لا ريب فيه و من أصدق من الله حديثا )
[7:185] N'ont-ils pas regardé le royaume des cieux et de la terre, et toutes les choses que Dieu a créées ? Ni vu que leur terme est peut-être proche ? En quel hadith croiront-ils après cela ? ( أولم ينظروا في ملكوت السموت و الأرض و ما خلق الله من شيء و أن عسى أن يكون قد اقترب أجلهم فبأي حديث بعده يؤمنون )
[12:6] C'est ainsi que ton Seigneur te choisit et t'enseigne l'interprétation des ahadith, et accomplit Son bienfait sur toi et sur la famille de Jacob, tout comme Il l'accomplit auparavant sur tes deux parents, Abraham et Isaac. Ton Seigneur est Connaissant, Sage.
( و كذلك يجتبيك ربك و يعلمك من تأويل الأحاديث و يتم نعمته عليك و على ءال يعقوب كما أتمها على أبويك من قبل إبرهيم و إسحق إن ربك عليم حكيم )
[12:21] Celui qui l'acheta, qui était d’Égypte, dit à sa femme : "Accorde-lui une généreuse hospitalité. Il se peut qu'il nous soit utile ou que nous l'adoptions comme fils". C'est ainsi que Nous avons établi Joseph sur cette terre-là, et Nous lui avons appris l'interprétation des ahadith. Dieu est Vainqueur en Son ordre, mais la plupart des gens ne savent pas. ( و قال الذي اشتره من مصر لامرأته أكرمي مثوه عسى أن ينفعنا أو نتخذه و لدا و كذلك مكنا ليوسف في)
(رب قد ءاتيتني من الملك و علمتني من تأويل الأحاديث فاطر السموت و الأرض أنت و لي في الدنيا و الاءخرة توفني مسلما و ألحقني بالصلحين )
[12:111] Dans leurs contes se trouve une leçon pour les doués d'intelligence. Ce n'est pas un hadith inventé mais une confirmation de ce qui le précédait, une explication de toute chose, une guidance et une miséricorde pour des gens qui croient.
( لقد كان في قصصهم عبرة لأولي الألبب ما كان حديثا يفترى و لكن تصديق الذي بين يديه و تفصيل كل شيء و هدى و رحمة لقوم يؤمنون )
[12:101] Seigneur, tu m'as donné une part de royauté et Tu m'as enseigné l'interprétation des ahadith. Initiateur des cieux et de la terre, Tu es mon allié ici-bas et dans l'Au-delà. Fais-moi mourir en étant soumis, et fais-moi rejoindre les vertueux".
(رب قد ءاتيتني من الملك و علمتني من تأويل الأحاديث فاطر السموت و الأرض أنت و لي في الدنيا و الاءخرة توفني مسلما و ألحقني بالصلحين)
[18:6] Il se peut que tu te morfondes sur leurs pas, de chagrin, s'ils ne croient pas en ce hadith. ( فلعلك بخع نفسك على ءاثرهم إن لم يؤمنوا بهذا الحديث أسفا )
[20:9] Le hadith de Moïse t'est-il parvenu ? ( و هل أتيك حديث موسى )
[23:44] Puis Nous avons envoyé successivement Nos messagers. Chaque fois qu'un messager venait à sa communauté, ils le traitaient de menteur. Nous les avons donc fait succéder les uns aux autres, et Nous en fîmes des ahadith (sujets de hadith). Que disparaissent les gens qui ne croient pas ! ( ثم أرسلنا رسلنا تترا كل ما جاء أمة رسولها كذبوه فأتبعنا بعضهم بعضا و جعلنهم أحاديث فبعدا لقوم لا يؤمنون )
[31:6] Parmi les hommes, il en est qui, sans aucune science, achète des ahadith divertissants pour égarer hors du chemin de Dieu et pour le prendre en raillerie. Pour ceux-là : un châtiment humiliant. ( و من الناس من يشتري لهو الحديث ليضل عن سبيل الله بغير علم و يتخذها هزوا أولئك لهم عذاب مهين )
[34:19] Puis ils dirent : "Notre Seigneur, allonge les étapes de nos voyages", et ils se firent du tort à eux-mêmes. Nous en fîmes alors des ahadith (sujets de hadith) et les avons désintégrés. Il y a en cela des signes pour tout être endurant et reconnaissant.
( فقالوا ربنا بعد بين أسفارنا و ظلموا أنفسهم فجعلنهم أحاديث و مزقنهم كل ممزق إن في ذلك لءايت لكل صبار شكور )
[39:23] Dieu a fait descendre le meilleur des ahadith, un Livre impliquant analogie et répétition. Les peaux de ceux qui craignent leur Seigneur en frissonnent. Puis leur peau et leur cœur s'attendrissent au rappel de Dieu. Voilà la guidance de Dieu par laquelle Il guide qui Il veut. Mais quiconque Dieu égare n'a pas de guide.
( الله نزل أحسن الحديث كتبا متشبها مثاني تقشعر منه جلود الذين يخشون ربهم ثم تلين جلودهم و قلوبهم إلى ذكر الله ذلك هدى الله يهدي به من يشاء و من يضلل الله فما له من هاد )
[45:6] Voici les signes de Dieu que Nous te récitons en toute vérité. Alors en quel hadith, après Dieu et Ses signes, croiront-ils
( تلك ءايت الله نتلوها عليك بالحق فبأي حديث بعد الله و ءايته يؤمنون )
[51:24] Le hadith des hôtes honorés d'Abraham t'est-il parvenu ? ( هل أتيك حديث ضيف إبرهيم المكرمين )
[52:34] Qu'ils apportent donc un hadith semblable à lui, s'ils sont véridiques (فليأتوا بحديث مثله إن كانوا صدقين)
[53:59] Vous étonnez-vous de ce hadith ? ( أفمن هذا الحديث تعجبون )
[56:81] Allez-vous dissimuler ce hadith ? ( أفبهذا الحديث أنتم مدهنون )
[68:44] Laisse-Moi donc avec quiconque traite de mensonge ce hadith. Nous allons les amener progressivement par où ils ne savent pas.
( فذرني و من يكذب بهذا الحديث سنستدرجهم من حيث لا يعلمون )
[77:50] Après cela, en quel hadith croiront-ils donc ? ( فبأي حديث بعده يؤمنون )
[79:15] Le hadith de Moïse t'est-il parvenu ? ( هل أتيك حديث موسى ). [85:17] T'est-il parvenu le hadith des troupes ( هل أتيك حديث الجنود ) . [88:1] T'est-il parvenu le hadith de l'enveloppante ? ( هل أتيك حديث الغشية )
Avant tout il est important de rappeler qu'il existe un verset nous demandant de rester prudent dans toute interprétation. Il s'agit du verset 3:7. Celui-ci évoque la possibilité de tomber dans l'erreur puis de dévier à cause de l'incompréhension du sens. Cette incompréhension serait due à l'apparence trompeuse de la situation considérée. L'illusion en question concernerait non seulement la ressemblance/tachabih de versets comparés entre eux, mais également la projection des versets en nous, la comparaison par rapport à notre état de connaissances.
[3:7] C'est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre ; il s'y trouve des versets directifs, qui constituent la mère du Livre, et d'autres ressemblant. Ceux qui ont dans leur cœur une déviance suivent ce qui s'y trouve de ressemblant, cherchant la provocation et cherchant son interprétation, alors que personne ne connaît son interprétation, à part Dieu. Et ceux bien enracinés dans la science disent : "Nous y croyons, tout vient de notre Seigneur". Mais seuls les doués d'intelligence s'en souviennent.
Cette donnée coranique est essentielle, et le verset cité devrait être un préalable à toute analyse. Ce verset nous indique ainsi que certains versets sont plus directifs, d'autres ont une certaine apparence, et sont plus équivoques. Nous rappellerons ce préalable chaque fois que le verset étudié peut porter à confusion, comme lorsque nous évoquerons la manière de suivre le messager.
En dehors des versets 12:6 et 12:21 relatifs au le prophète Joseph, les versets listés nous offrent beaucoup d'informations sur ces fameuses narrations que nous sommes censés suivre dans les visions répandues de l'islam. L'interprétation des ahadith de la part de Joseph semble se rapporter à l'interprétation des rêves ou des paroles humaines, c'est à dire l'analyse. En effet Dieu lui a enseigné l'analyse des rêves et l'Analyse de manière générale à travers les années de sa vie, riche en expériences. Enfin, ladite interprétation pourrait tout aussi bien concerner les Ecritures anciennes, en tant que ahadith de Dieu.
A part cela, dès les deux premiers versets mettant l'accent sur la Parole, c'est-à-dire les versets 4:87 et 7:185, nous avons une information sur les ahadith en tant que paroles véhiculées. Comme évoqué au début de l'article, on y constate l'évidence que le hadith humain n'égalera jamais la parole divine.
Même si, et cela va de soi, certains versets reconnaissent les ahadith/discours comme faisant partie des habitudes et du quotidien (voir 23:44 et 34:19 : [...] Nous en fîmes des ahadith[...] ), la plupart insistent sur le fait que la parole divine est largement au dessus des récits explicatifs humains. L'existence et la reconnaissance des récits humains par le Coran sont aucunement encourageants pour en faire des données exploitables. Au contraire, avec ce nouveau Livre, une fracture claire est établie. "Après lui" plus besoin de se fier à une quelconque science du hadith, le Coran se suffit à lui-même. Surtout que les versets mentionnés plus haut 31:6 et 12:111 nous informent de la corruption et des mensonges que peuvent contenir les ahadith humains, la parole de Dieu étant pour sa part intègre. En résumé, parler, discourir, est autorisé, à condition bien sûr de le faire correctement, mais la seule voie à suivre, est celle dictée par la parole purement divine (il ne faut pas pour autant s'inquiéter de l'apparente rigidité de ce choix, il ne conduit aucunement à une secte, au contraire il contient tout ce dont l'homme a besoin, dont la sécurité, la liberté, le bien-être, etc.).
Enfin, à lumière des versets 7:185, 45:6 et 77:50, méritant d'être lus et relus, le Coran est dominant sur tout hadith, dans le sens où il est suffisant pour guider les Hommes. Il constitue le "meilleur hadith", et nous invite donc à nous défaire de nos habitudes à vouloir chercher des explications ailleurs. Encore une fois nos réticences sont humaines, et sont dues à plusieurs facteurs, dont nous pouvons citer l'inconfort que procure le changement, la peur de se retrouver seul, de se lancer dans le chemin intriguant de la découverte du Livre.
Nous évoquons ici le sujet du contenu des ahadith et leur confrontation avec le Coran, qui pour nous est parole de Vérité. Voici ce que nous pouvons lire :
« Ubada b. as-Samit a rapporté que le messager de Dieu a dit que la punition de l’adultère dans le cas des personnes mariées est de cent coups de fouet puis d’être lapidées (à mort) ». Muslim Livre 17, Numéro 4192. « Anas: Le Prophète avait l’habitude de faire le tour (avoir des relations sexuelles avec) de toutes ses femmes en une nuit, et il avait neuf épouses. » Volume 7, Livre 62, Numéro 6.
« Rapporté par Abdullah, qu’il a entendu le Prophète interdisant l’offrande de prières à l’heure du lever et du coucher du soleil». Bukhari, Volume 2, livre 26, numéro 695.
« Un groupe de personnes appartenant aux tribus Oreyneh et Oqayelh vint voir le Prophète pour embrasser l’Islam, le Prophète leur conseilla de boire de l’urine de chameau ! Plus tard, ils tuèrent le berger du Prophète, alors le Prophète les saisit, leur creva les yeux, coupa leurs mains et leurs pieds, et les laissa sans eau dans le désert pour qu’ils meurent ». Bukhari, Volume 8, livre 82, numéro 796.
« Aïcha rapporte que le Prophète l’a épousée quand elle avait six ans et qu’il a consommé son mariage quand elle en avait neuf, puis qu’elle est restée avec lui pendant neuf ans (soit jusqu’à sa mort) ». Volume 7, Livre 62, Numéro 64.
Rapporté par Abu Hurayra : Le Prophète a dit : « Les meilleures femmes sont celles qui montent les chameaux, ainsi que les justes parmi les femmes de Quraish. Elles sont les plus tendres envers leurs enfants et les femmes les plus protectrices de la propriété de leurs maris ».Bukhari Volume 7, Livre 62, Numéro 19
Rapporté Jabir bin Abdullah bin Salama et Al-Akwa’ : Alors que nous étions dans une armée, l’apôtre de Dieu est venu vers nous et a dit : « Vous avez été autorisé à faire la Mut’a (mariage), alors faites-le. » Salama bin Al-Akwa’ a dit: l’apôtre de Dieu a dit : « Si un homme et une femme acceptent (de se marier temporairement), leur mariage doit durer trois nuits, et s’ils veulent continuer, ils peuvent le faire, et s’ils veulent se séparer, ils peuvent le faire ». Volume 7, Livre 62, Numéro 52.
« Les habitants de La Mecque ont demandé à l’apôtre de Dieu de leur montrer un miracle. Alors il leur montra la scission de la lune en deux moitiés entre lesquelles ils ont vu la montagne Hiram ». Bukhari, Volume 5, livre 58, numéro 208: Anas bin Malik.
« Dieu apparaît à Ses fidèles et ils Le voient comme ils voient la pleine lune ! ». Bukhari, Volume 9, livre 93, numéro 529. « Dieu mettra son pied sur le feu de l’Enfer lorsqu’il sera plein ». Bukhari, Volume 8, livre 78, numéro 654. « Dieu rit comme les humains ! ». Muslim, Livre 1, Numéro 349
Pour plus d'exemples, voir [A.MUHAMMAD] et [ISLAMCORANIQUE]. La liste est longue, on ne peut tout écrire ici. Imaginez des millions d'histoires racontées à travers plusieurs siècles, comment ne pas y découvrir des mensonges et des aberrations ? Plus globalement, on peut affirmer que la parole humaine s'imprègne facilement de corruption. Ni la littérature, ni même la science ne sont pas épargnés. Ni l'Histoire, en tant que patrimoine transmis par la parole ou l'écriture, comme dans notre contexte, ou tout simplement comme matière enseignée dans les établissements scolaires. La critique des ahadith n'est alors ni plus ni moins que la découverte de cette histoire officielle ambiguë.
Ce triste constat que rien n'échappe à la corruption humaine, vaut bien la peine d'être rappelé, à ce stade, surtout après avoir lu un échantillon de paroles blasphématoires envers le Très Haut. Mais que dit Dieu au sujet de toutes ces imperfections propres à Son oeuvre, en particulier le mensonge ? L'Homme qu'Il a crée, est-il caractérisé par ce bouclier protecteur que constitue le mensonge ? Sans vouloir explorer dans le détail ce thème, il ressort de la lecture du Coran que la réponse est à priori non. En réalité, chez l'Homme, crée physiquement de manière parfaite, le bon côté côtoie le mauvais. Par le travail, l'âme a cette possibilité de contrôler ses mauvais penchants (purification de soi/zakat al nafs).
Pour revenir aux citations précédentes, on est tout de même rassurés par une chose : c'est qu'en parcourant le Livre de Dieu on ne tombe jamais sur ce genre d'histoires abracadabrantes. Un des miracles du Coran est sa cohérence et sa résistance au temps. Il est d'actualité. De plus aujourd'hui, à l'époque de l'informatique, avec les outils et méthodes d'analyse à notre disposition, l'analyse du Coran n'a jamais été autant facilitée. La lecture semble plus que jamais adaptée à nos temps modernes. En revanche; cela ne nous permet pas de clamer la supériorité de notre époque par rapport aux temps anciens.
Toujours est-il qu'aujourd'hui, la pensée moderne n'est pas compatible avec le flagrant mensonge, elle ne tolère plus ce qui est de l'ordre du superstitieux. Elle se veut éveillée, cartésienne, scientifique, critique. En revanche, pour expliquer ce qui s'est passé, on peut se contenter d'admettre que certaines mentalités anciennes, étaient moins exigeantes vis-à-vis de la superstition et des histoires farfelues. Ce qui n'exclut en rien que de nos jours certains groupes semblent dégager des traits de comportement similaires.
Concernant le deuxième thème, lié aux contradictions avec le Coran, citons les quelques exemples suivants :
Les partisans des ahadith, en majorité, ont admis l'idée que le prophète pourra intercéder le jour du Jugement, ce qui est en parfaite contradiction avec le verset :
[2:48] Prémunissez-vous du jour où nulle personne ne sera récompensée pour une autre, où l'on n'acceptera d'elle aucune intercession, et où l'on ne recevra d'elle aucune compensation. Ils ne seront pas secourus.
Le Coran mentionne 23 versets de ce type, refusant l'intercession. Les exceptions, souvent prises comme argument par les traditionnalistes, ne font que rejoindre le sens des autres versets. Les voici :
[10:3] Votre Seigneur est Dieu, Celui qui créa les cieux et la terre en six jours, puis qui S'établit sur le trône, dirigeant toute affaire. Il n'y a d'intercesseur qu'avec Sa permission. Tel est Dieu, votre Seigneur. Adorez-Le donc. Ne vous rappelez-vous pas ? [19:87] personne ne possédera d'intercession, sauf celui qui a pris un engagement auprès du Tout-Puissant. [20:109] Ce jour-là, l'intercession ne sera utile qu'à celui auquel le Tout-Puissant auradonné Sa permission et dont Il agréera la parole. [34:23] L'intercession auprès de Lui est inutile, excepté pour celui qu'Il autorise. Une fois la frayeur ôtée de leur cœur, ils diront : "Qu'a dit votre Seigneur ?" Ils diront : "La vérité. C'est Lui le Très Haut, le Grand". [43:86] Ceux qu'ils invoquent en dehors de Lui n'ont aucun pouvoir d'intercession, excepté ceux qui ont témoigné de la vérité et qui savent.
Ainsi l'intercession ne se fera pas en fonction d'un autre mais en fonction éventuellement des arguments présentés, ce qui du reste est lié au poids des bonnes œuvres de chacun. Il devrait être clair que personne n'intercède en faveur des humains.
Nous pouvons également évoquer les sujets plus répandus de la prière, du voile, des rituels en général, etc. Mais nous nous contenterons ici de rajouter les exemples cités dans [A.MUHAMMAD] :
Les ablutions ne sont pas réalisées conformément aux consignes claires du Coran mais selon des habitudes ancestrales :
[5:6] Ô vous qui avez cru, lorsque vous vous levez pour la Salât, lavez vos visages et vos mains jusqu'aux coudes, et essuyez vos têtes et vos pieds jusqu'aux chevilles. Si vous êtes en état de djunub, alors purifiez-vous. Si vous êtes malades ou en voyage, ou si l'un devous revient des toilettes, ou si vous avez touché aux femmes, et que vous ne trouviez pas d'eau, ayez recours à une bonne terre, et essuyez vos visages et vos mains. Avec cela, Dieu ne veut vous imposer aucune gêne, mais Il veut vous purifier et compléter Son bienfait survous, afin que vous soyez reconnaissants.
Les prières muettes n'existent pas contrairement à ce que les traditions prétendent.
[17:110] Dis : "Invoquez Dieu, ou invoquez le Tout-Puissant. Quel que soit le nom parlequel vous L'invoquez, à Lui sont les plus beaux noms. Ne hausse pas la voix dans ta Salât,et ne l'abaisse pas trop, mais cherche le juste milieu entre les deux".
Dans les lieux de cultes, lors des prières d'adoration, on ne doit pas évoquer un autre nom que celui de Dieu, donc en particulier évoquer le prophète ou même inscrire son nom est inapproprié :
[72:18] Les mosquées/lieux de culte/masjid sont dédiées à Dieu, n'invoquez donc personne avec Dieu.
Plusieurs versets demandent aux croyants d'obéir au messager, très souvent sous la forme "Obéissez à Dieu et à son Messager, comme dans 4:13, 8:1, 8:20, 8:46, 9:71, 24:52, 33:33, 33:71, 48:17, 49:14, 58:13, 72:23.
Il est intéressant d'analyser ce point. Observons, par exemple, le verset suivant :
[3:31] Dis : "Si vous aimez vraiment Dieu, suivez-moi. Dieu vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés. Dieu est Pardonneur, Miséricordieux". [3:32] Dis : "Obéissez à Dieu et au messager". Puis, s'ils se détournent, Dieu n'aime pas les dénégateurs. [24:54] Dis : "Obéissez à Dieu et obéissez au messager". S'ils se détournent, il n'est alors responsable que de ce dont il est chargé, et vous n'êtes responsables que de ce dont vous êtes chargés. Si vous lui obéissez, vous serez guidés. Il n'incombe au messager que la transmission claire.
Puisque l'espèce humaine craint ce qui lui est étranger, alors quoi de plus ordinaire que d'envoyer des messagers humains ? De même, une religion est une voie pour l'homme, elle ne s'établie qu'au sein de communautés, et ne peut être transmise ou expliquée que par des êtres humains. De fait, la transmission par le messager et l'obéissance au messager sont deux actes qui vont de pair. Rien ne nous confirme immédiatement une subordination au porteur du message.
[17:94] Qu'est-ce qui empêcha les gens de croire, quand leur est venue la guidance, si ce n'est de dire : "Dieu a-t-il envoyé un être humain messager ?". [17:95] Dis : "S'il y avait sur terre des anges marchant sereinement, Nous aurions fait descendre sur eux, du ciel, un ange messager".
Ainsi l'homme sert de transmetteur du message, le plus digne de transmettre le message correctement étant un homme choisi et "fabriqué sur mesure". Cela prend en général du temps, le messager est mature après des années d'expériences, à un âge généralement avancé.
[46:15] Nous avons recommandé à l'Homme d'être bon envers ses parents. Sa mère l'a péniblement porté et en a péniblement accouché. Sa gestation et son sevrage durent trente mois, puis quand il atteint sa maturité et atteint quarante ans, il dit : "Mon Seigneur, incite moi à être reconnaissant du bienfait dont Tu m'as comblé, ainsi qu'à mes parents, et à faire de bonnes œuvres qui te plaisent. Assure pour moi l'intégrité dans ma descendance. Je me repens à Toi et je suis du nombre des soumis". [12:21] Celui qui l'acheta, qui était d’Égypte, dit à sa femme : "Accorde-lui une généreuse hospitalité. Il se peut qu'il nous soit utile ou que nous l'adoptions comme fils". C'est ainsi que Nous avons établi Joseph sur cette terre-là, et Nous lui avons appris l'interprétation des ahadith. Dieu est Vainqueur en Son ordre, mais la plupart des gens nesavent pas. [20:40] Ta sœur suivait en marchant ; elle dit : "Puis-je vous indiquer quelqu'un qui se chargera de lui ?" Ainsi, Nous te ramenâmes à ta mère afin que son œil se réjouisse et qu'elle ne s'afflige plus. Tu tu as ensuite une personne. Nous te sauvâmes de l'angoisse et Nous temîmes à l'épreuve. Tu restas des années durant chez les habitants de Madyan. Ensuite tu es venu, ô Moïse, en une certaine mesure. [20:41] Je t'ai fabriqué pour Moi-même.
Cet être sage va transmettre son savoir et sa sagesse, selon la révélation reçue et même au delà (les agissements courants sont supposés tout de même imprégnés de religion, mais l'erreur est possible), et pourra frayer un chemin agrée par Dieu c'est à dire un chemin droit. Sans la conjonction du messager et du message, sans fortification, la religion se trouverait circonscrite à un milieu restreint. Le prophète ne peut se contenter de fournir le Livre de Dieu sans s'intégrer au contexte, sans tenter de convaincre, sans effort de sa part. Il ne peut poursuivre sa petite vie familiale comme un inconnu, sans se créer d'audience. La religion risque alors de disparaitre, à moins qu'un homme fort la remette au gout du jour. Ainsi Dieu a envoyé Moise chez Pharaon et Mohammed au combat, il a également missionné Noé de fabriquer une Arche.
D'ailleurs il est évident qu'une religion forte est accompagnée d'un homme fort. Et l'homme est d'autant plus fort qu'il est soutenu par Dieu, obéi, suivi, non contesté. C'est ainsi que pour mener à bien leurs missions, les messagers ont tous reçu l'appui de Dieu, à travers des miracles et surtout à travers des versets où il est demandé explicitement de leur obéir.
[3:50] Et je confirme ce qui me précédait de la Torah, et je vous rends licite une partie de ce qui vous était interdit. Je suis venu à vous avec un signe de votre Seigneur. Prémunissez-vous de Dieu, et obéissez-moi. [20:90] Aaron leur avait bien dit auparavant : "Ô mon peuple, vous avez été mis à l'épreuve par lui. Votre Seigneur est le Tout-Puissant. Suivez-moi donc et obéissez à mon commandement". [26:106] lorsque leur frère Noé leur dit : "N'allez-vous pas vous prémunir ? [26:107] Je suis pour vous un messager digne de confiance. [26:108] Prémunissez-vous de Dieu, et obéissez-moi.
On retrouve dans la "Bible" des ordres similaires d'obéissance en faveur des messagers, pour qu'ils puissent mener à bien leur mission, de leur vivant :
[Josué 1:17] Nous t'obéirons entièrement, comme nous avons obéi à Moïse. Veuille seulement l'Eternel, ton Dieu, être avec toi, comme il a été avec Moïse ! [Jérémie 35:14] On a observé les paroles de Jonadab, fils de Récab, qui a ordonné à ses fils de ne pas boire du vin, et ils n'en ont point bu jusqu'à ce jour, parce qu'ils ont obéi à l'ordre de leur père. Et moi, je vous ai parlé, je vous ai parlé dès le matin, et vous ne m'avez pas écouté.
Cette ligne de conduite imposée aux fidèles est plutôt stratégique, mais elle n'empêche pas le débat ni la contradiction dans le respect, surtout pour les proches du messager et érudits. Enfin, la mort du messager met fin à son "règne" sur terre (règne relatif car semé d'embuches) , et lui obéir n'a plus le même sens que de son vivant.
Après ces analyses, après la lecture de signes/versets/ayat - ayaat, on devrait pouvoir prétendre que les anciens prophètes ont autant d'importance que Mohammed. L'idée à retenir étant que le rôle du messager est simplement de délivrer correctement le Message, c'est-à-dire l'Écriture. Alors pourquoi devrions-nous nous focaliser uniquement sur la vie de Mohamed ? Pourquoi ignorer celle d'Ismail ou Salah ?
Contrairement à ce qui est communément admis, le musulman n'est pas invité à cela. En réalité aucune distinction ne devrait être envisagée, en voici une preuve de plus :
[2:285] Le messager a cru en ce qu'on a fait descendre vers lui venant de son Seigneur, ainsi que les croyants. Tous ont cru en Dieu, en Ses anges, en Ses Livres et en Ses messagers. "Nous ne faisons aucune distinction entre Ses messagers". Ils dirent : "Nous avons entendu et obéi. Nous implorons Ton pardon, Notre Seigneur. Vers toi est la destination finale".
Maintenant que Moïse n'est plus de ce monde, est-il plus naturel qu'un juif suive la Torah ou qu'il cherche quelqu'autre écrit (hadith) concernant les paroles qu'il aurait prononcées de son vivant ? Même si certains théologiens pourraient s'intéresser à ce dernier point, il est par exemple impensable pour les musulmans de considérer autre chose que la Torah. Pourtant, malgré ce choix intuitif concernant la religion de Moïse, la démarche n'est aucunement la même quand ils s'agit de Mohammed. Or rien n'a changé depuis tous les temps :
[4:26] Dieu veut vous éclairer, vous guider vers les traditions/sunnan - sunnas de ceux qui vous ont précédés, et accepter votre repentir. Dieu est Connaissant, Sage. [17:77] Telle est la tradition/sunna de Nos messagers que Nous avons envoyés avant toi. Tu ne trouveras aucun changement en Notre tradition/sunna.
Ainsi, le Coran présente deux prescriptions, qui en apparence semblent se contredire : suivre le messager et suivre le Coran en l'adoptant comme unique source. L'une justifiant en apparence les ahadith humains (même si le lecteur pourra immédiatement écarter ce sens), l'autre les rendant inutiles. Quel choix doit-on faire ? Nous connaissons en tout cas le choix des Anciens.
Profitons de ce constat pour rappeler ici également le verset 3:7 nous demandant de rester prudent dans toute interprétation :
[3:7] C'est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre ; il s'y trouve des versets directifs, qui constituent la mère du Livre, et d'autres ressemblant. Ceux qui ont dans leur cœur une déviance suivent ce qui s'y trouve de ressemblant, cherchant la provocation et cherchant son interprétation, alors que personne ne connaît son interprétation, à part Dieu. Et ceux bien enracinés dans la science disent : "Nous y croyons, tout vient de notre Seigneur". Mais seuls les doués d'intelligence s'en souviennent.
Ainsi il est plus que risqué d'affirmer l'importance des ahadith rien qu'à la lumière des versets sur l'obéissance. La deuxième prescription est compatible avec la première mais pas l'inverse : ce qui n'est pas compatible c'est de suivre les ahadith et le Coran seul (ou les divers récits humains et la Torah seule). Plus clairement suivre le Coran seul a pour conséquence de satisfaire la prescription de suivre le messager.
Certains iront jusqu'à exploiter le verset suivant, qui ne fait que rejoindre l'idée que le messager est censé être plein de sagesse :
[33:21] Vous avez eu dans le messager de Dieu un bon exemple, pour quiconque espère en Dieu et au Jour Dernier et se rappelle de Dieu abondamment.
Une partie de cette sagesse devrait pouvoir être atteinte par tous les lecteurs du Coran. Mohammed n'a découvert du Coran que ce que Dieu lui a permis de découvrir. A chaque époque son lot de découvertes. S'il est clair que le prophète (et les messagers en général) étaient de bons exemples, il n'est pas évident que certains versets, comme le 33:21, nous privent de l'adoption du Coran seul, du refus des autres récits.
Au vu des différents arguments, une explication, déjà évoquée, est que suivre le messager n'a de sens que dans l'époque du messager (voir une remarque précédente concernant la similitude avec le prophète Moïse) et même à cette époque rien ne nous empêche de vérifier ce qu'il nous dit. Le Coran exhorte à être suivi et étudié. Il s'agit d'un Livre pour l'Humanité, le dernier. Le dernier prophète avait aussi pour habitude d'étudier ce qui lui a été révélé du Livre.
[6:105] C'est ainsi que Nous multiplions les versets/signes, afin qu'ils disent : "Tu as étudié", et afin de le clarifier pour des gens qui savent. [33:40] Mohammed n'a jamais été le père de l'un de vos hommes, mais le messager de Dieu et le sceau des prophètes. Dieu est, de toute chose, Connaissant.
La point de départ de notre étude a été bien évidemment de considérer le Coran sans faille, et nous avons chercher à expliquer la compatibilité entre suivre le messager et suivre le Coran seul .
[2:2] C'est le livre qui ne renferme aucun doute, une guidance pour ceux qui se prémunissent. [4:82] Ne réfléchissent-ils pas sur le Coran ? S'il provenait d'un autre que Dieu, ils y auraient trouvé de nombreuses contradictions.
Insistons sur le fait qu'à notre époque, suivre le messager, au sens classique, n'est plus possible, ne serait-ce qu'à l'aune des contradictions historiques. On doit réapprendre à passer par la case étude du Livre. Ainsi le fidèle musulman est censé consacrer du temps à sa religion, même si c'est seulement au bout d'années de réflexion, et d'acquisition de sagesse qu'il peut prétendre pouvoir dégager des tendances explicatives. La certitude s'acquiert à l'intérieur d'une vie.
[75:16] Ne remue pas ta langue pour le hâter. [75:17] À Nous revient son rassemblement et sa lecture.[75:18] Donc, quand Nous le lisons, suis sa lecture. [75:19] À Nous, ensuite, reviendra sa clarification.[6:105] C'est ainsi que Nous exposons les signes, afin qu'ils disent : "Tu as étudié", et afin de le clarifier pour des gens qui savent. [15:99] Adore ton Seigneur jusqu'à ce que te vienne la certitude.
En revanche, ces versets/ayat/ayaat/signes nous montrent aussi que l'application littérale est tout simplement fausse car trop brève et ne tenant pas compte de la totalité du Livre. Par crainte, ou simplement par prudence, lors de la lecture du Coran, le croyant sincère ne devrait pas négliger l'ensemble des apparentes oppositions, il se doit d'acquérir une vision la plus globale possible du Livre. La crainte/taqwa (le fait de se prémunir du jugement), c'est aussi dans ce sens qu'elle doit s'exercer.
Et bien entendu il n'est pas dit, contrairement aux idées traditionnelles, que seuls le prophète ou les anciens avaient le droit d'étudier, au contraire l'étude doit être avant tout individuelle, ce qui n'empêche le consensus collectif.
[25:30] Le messager dit : "Mon Seigneur, mon peuple a pris/entrepris ce Coran, délaissé !"
[38:29] C'est un Livre béni que Nous avons fait descendre vers toi, afin qu'ils réfléchissent sur ses versets/signes et que les doués d'intelligence se rappellent.
[56:76] Et c'est vraiment un immense serment, si vous saviez ! [56:77] C'est un Coran magnifique, [56:78] dans un Livre caché, [56:79] que seuls les purifiés atteignent. [56:80] Une descente du Seigneur des mondes. [56:81] Allez-vous dissimuler ce hadith/récit ?
Sur le même thème, un exemple d'interprétation littérale est le verset très souvent cité pour expliquer la nécessité de suivre les ahadith et y accorder notre confiance. Une faille qui en vérité n'en est pas une si on observe le verset dans son contexte (non pas historique, mais vis-à-vis des versets à proximité) :
[59:6] Ce que Dieu a livré au messager provenant d'eux, vous n'y avez engagé ni chevaux, ni chameaux, mais Dieu donne pouvoir à Ses messagers sur qui Il veut. Dieu est capable de toute chose. [59:7] Ce que Dieu a livré au messager provenant des habitants des cités est pour Dieu, pour Son messager, et pour les proches, les orphelins, les nécessiteux et les sans-abris, afin que cela ne circule pas parmi les seuls riches d'entre vous. Ce que le messager vous donne, prenez-le, et ce qu'il vous interdit, abstenez-vous en. Craignez Dieu, car Dieu est sévère en punition. [59:8] Ainsi que pour les émigrés pauvres, ceux qui ont été expulsés de leurs demeures et de leurs biens, tandis qu'ils recherchaient une grâce et un agrément de Dieu, et qu'ils secouraient Dieu et Son messager. Voilà les véridiques.
Ce n'est donc qu'en apparence que le verset résiste à l'approche coraniste, le positionnement du verset ici est très important (cf. 3:7). En tenant compte du contexte, on constate qu'il adhère très bien à l'analyse précédente d'obéir au messager, à l'époque de son vivant. Dans ce cas, il s'agit du contexte de butin de guerre et ce verset ne peut être utilisé sans réserve pour expliquer la validité de la démarche traditionnelle. Or certains ne se privent pas de ce luxe.
Cette étude s'inscrit dans le cadre de la recherche de vérité, partant du principe, peu habituel, d'existence divine, d'existence et de perfection du message divin, et plus précisémment du Coran. Elle consiste en une anthologie autour du Coran et des ahadith. Comme le veut le titre, l'article traite de la critique des ahadith humains, et redonne au Meilleur des ahadith, la place de guide spirituel qui lui revient. Ainsi le lecteur pourra juger de lui-même de la pertinence des exemples cités, et tout au moins sera informé de l'existence de versets clairement opposés aux autres sources traditionnelles. En effet, de cet échantillon d'analyse, il ressort avant tout que les ahadith constituent une source peu fiable.
Cela dit, en restant prudent, rien ne nous empêche de "fouiller" l'aspect historique des ahadith. Il faut toutefois s'efforcer de recouper les informations, truffées de contradictions, sachant qu'on n'en tirera que des tendances sur ce qu'il s'est passé 14 siècles plus tôt.
Sachant qu'il ne pourra convaincre que ceux qui sont prêts à renoncer à certaines traditions acquises, il aborde également la question concernant la manière d'utiliser le Coran pour pratiquer correctement notre religion/din/dette, qui littéralement veut dire dette envers Dieu. Il en ressort que cette question ne peut être traitée qu'à travers l'étude. Et ceci est d'autant plus logique qu'autrement le Livre serait peu vivant, voire inutile.
Mais dans ce site vous trouverez plusieurs articles ayant analysé le Coran dans le sens de la recherche des rituels demandés. Mais en fin de compte Dieu et son Livre sont censés être proche et les guides les plus sûrs pour nous. Dieu ne peut nous en vouloir de ne pas avoir saisi un sens après un effort/jihad/ijtihad.
Encore aujourd'hui, pour la majorité des musulmans, le Coran cautionne les ahadith. Certains courants, comme la salafiya (salafisme), tentent de revenir aux sources et de n'en retenir que les "plus sûrs", mais leur lecture demeure biaisée par le non respect de l'ordre coranique de ne conserver qu'une source. En revanche, de plus en plus de lecteurs du Coran se mettent à effectuer des recherches en se basant exclusivement sur le Coran, en particulier à partir des années 1990 et sous l'impulsion du Dr Rashad Khalifa.
[RASHAD] Rashad Khalifa - Le Coran les hadiths et l'Islam. Traduit de l'anglais ( à partir de "Quran the final testament") - Rashad Khalifa
[WIKI] Sources internet diverses dont Wikipedia (les informations peuvent changer) - https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouhammad_al-Boukhari ;
[SOUMISSION] islam-soumission.org - submission.org - les hadiths et la grande corruption de la religion de l'Islam
[LOUIZI] Mohamed Louizi - Il était une fois un inféodé sur le chemin de Damas - histoire de Abou *hourayra
[A.MUHAMMAD] A. Muhammad - L'histoire des hadiths
[A.MUHAMMAD2] A. Muhammad - "Le téléphone arabe" - Chinese whispers
[ISLAMCORANIQUE] Islamcoranique - Hadiths, l'islam défiguré
[ISLAMLAB] Islamlab - Abou Hourayra avoue inventer un hadith
[DUKHANI] Cheikh Dukhani - Mythologies Islamistes