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Par Joseph A. Islam

Il est généralement admis au sein de l'orthodoxie islamique que le fait de «battre» les femmes est autorisé par le Coran. Le verset utilisé pour soutenir ce positionnement est 4:34. L'intensité de la «frappe» est seulement «allégée» en faisant usage de Traditions Prophétiques accompagnées d' autres interprétations provenant de sources islamiques secondaires.

Je vous laisse observer dans la vidéo partagée  ci - dessous l'approche généralement adoptée par les penseurs orthodoxes qui dépend fortement des interprétations provenant de sources islamiques secondaires, c'est à dire tendant à évacuer la pensée indépendante en dehors du cadre de ce qui est jugé «acceptable» par le clergé.

Veuillez noter en particulier le commentaire de Hamza Yusuf "Parce que ce sont les Fuqaha qui interprètent le Coran, et non les gens ordinaires" [à 3m27s] ce qui limite indiscutablement la portée interprétative. Une telle affirmation s'oppose clairement à de nombreux versets du Coran qui encouragent l' humanité tout entière, y compris les non croyants, à rechercher profondément, évaluer, réfléchir et examiner de manière intrinsèque le Coran : dans le cadre d'un processus d'effort intellectuel visant la recherche de la vérité et la guidance. ( 'Tadabbur' 4:82, 23:68, 38:29, 47:24).

Avant d'aborder le verset particulier cité en début d'article, nous allons tenter de recueillir les informations des autres versets qui traient globalement des orientations/guidances en matière de relations conjugales.

GUIDANCE DU CORAN EN MATIERE DE RELATIONS CONJUGALES

030.021

"Et parmi Ses signes c'est qu'Il a créé pour vous des épouses parmi vous, pour que vous puissiez trouver la tranquillité en elles ( en arabe: litaskunu) , et il a placé entre vous amour (arabe: muwaddatan) et de la miséricorde (arabe: wa-rahmatan) . Certes, en celà des signes pour ceux qui réfléchissent "

D'après le verset ci-dessus, il est clair que l'institution du mariage repose sur la tranquillité, l'amour et la miséricorde. Même dans le cas complexe du divorce, on trouve des instructions claires d'arbitrage, la consultation mutuelle et la gentillesse sans recours à un préjudice ou une blessure d'aucune sorte. Veuillez noter le mot arabe 'Diraran' dans le verset suivant et l'interdiction qui en découle. Ce point  est sans doute très pertinent pour le thème général de cet article qui vise à envisager une éventuelle meilleure interprétation.

002:231 (une partie)

"Et quand vous divorcez des femmes et qu'elles atteignent leur temps prescrit, alors soit conservez-les en bons termes, soit libérez-les de manière libérale, mais ne les conservez pas de manière blessante / en mal ( en arabe: Diraran) , de sorte que vous dépassiez les limites .. ».

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Source: Edward Lanes Lexicon [1]

004.019

"O vous qui croyez! Il ne vous est pas permis d'hériter des femmes par la force (contre leur volonté), et n'exercez pas sur eux de pression afin que vous puissiez prendre une partie de ce que vous leur avez donné, à moins qu'elles soient coupables d'indécence manifeste. Et cohabitez / vivez avec elles dans la bonté ( en arabe: bil-mar'rufi) . Mais si vous les detestez, il se peut que vous détestiez une chose où Dieu a placé beaucoup bien "

BATTRE LA FEMME ?

Le verset qui contient la prétendue instruction de "battre" est 4:34.

Observons une traduction classique de ce verset.

004.034

« Les hommes sont les protecteurs et les mainteneurs des femmes parce que Dieu a donné à l'un plus (de force) qu'à l'autre et parce qu'ils leur subviennent de leurs moyens. Alors les femmes vertueuses sont obéissantes et garantes pendant l'absence (du mari) de ce dont Dieu est garant. Quant à ces femmes pour qui vous craignez la désobéissance et le mauvais comportement admonestez-les (début) (suivant) refusez de partager leurs lits (dernier) les battez-les (légèrement) ; mais si elles reviennent à l'obéissance n'utilisez pas contre elles des moyens (de gêne) : car Allah est Plus Haut, Grand (au-dessus de vous tous) "

Le lecteur pourra remarquer les nombreuses parenthèses dans la traduction ci-dessus. Le mot entre parenthèses «légèrement» est sans doute influencé par les traditions prophétiques qui concourrent à alléger l'intensité des coups.

Le terme en arabe qui est traduit par "battre" dans ce contexte est "idribohunna"

(1) ALORS QUE SIGNIFIE "iDRiBOHUNNA" ?

Dans le langage arabe ordinaire, sans faire appel à tout contexte Coranique ou à un usage alternatif, l'expression 'idribohunna' devrait être lue comme «battez-les». Nier cet usage dans le langage arabe ordinaire ou la littérature arabe serait non seulement incorrect, mais également malhonnête du point de vue intellectuel.

Cependant, le but de l'article est de comprendre l'expression à la lumière de son meilleur usage coranique possible ainsi qu'à la lumière de thèmes coraniques plus larges, en particulier ceux qui traitent des relations conjugales. Certains des versets guides ont déjà été cités ci-dessus (30:21, 2: 231 et 4:19).

En fin de compte, c'est au lecteur de décider ce qu'il ressent être l'interprétation la plus convaincante ou probable. L'entreprise personnelle dans l'interprétation des versets coraniques devrait toujours être l'atteinte du «meilleur sens», tout en conciliant tous les versets coraniques, les contextes ainsi que les thèmes.

039:018

"Ceux qui écoutent la Parole (le Coran) et qui en suivent la meilleure signification / le meilleur ( en arabe: fayattabi'una ahsanahu) ce sont ceux que Dieu a guidés et ce sont ceux  doués d'intelligence ( en arabe: Albabi ) "

039.055

"Et suivez le meilleur de ce qui vous a été révélé de la part de votre Seigneur, avant que la peine ne vienne à vous soudainement alors que vous ne percevez pas!"

LES NOMBREUX SENS DE DE LA RACINE DAD-RA-BA A PARTIR DE LAQUELLE DARABA EST FORME

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Lors de mon travail entrepris à l'aide de lexiques arabe, rien ne m'a plus intrigué que les multiples significations de la racine du mot "darab" (DAD-RA-BA), non seulement dans le langage parlé arabe, mais également dans le Coran lui-même. Par exemple, un commentateur  du Coran d'origine anglaise, malgré à première vue la définition "battre pour "darab" en 4:34, apprécie par ailleurs le sens figuratif ou métonymique du verbe «daraba». Les exemples qu'il a correctement cités sont :

"... daraba fi'l-ard (" il a voyagé sur terre »), ou daraba 'sh -shay' bi'sh -shay '(" il a mélangé une chose avec une autre»), ou daraba mathal (« il a inventé une similitude "ou" défendu une parabole "ou" a donné une illustration "), ou 'ala darb wahid (" appliqué de manière similaire »ou« de la même manière »), ou duribat' alayhim adh -dhillah (« l' humiliation leur a été imposée"ou" qui leur sont appliqués ") ..." [2]

Ce sont toutes des définitions aux multiples facettes jaillissant de la même racine, DAD-RA-BA.

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Source : A Dictionary and Glossary of the Koran - John Penrice 1873 [3]

Le caractère multiforme de la racine du mot "DAD-RA-BA " peut également être observé à travers un grand nombre d'exemples dans le Coran.

L'une des définitions de "darab" est de donner des exemples; de proposer une similitude ou d'émettre des paraboles (2:26 - exemple donné d'un moucheron, 14: 24-5 - un exemple donné d'un joli mot ; 14:45 - les logements d'anciens; 16:75 - un exemple d'un esclave, 16:76 - un exemple du muet 16: 112 - une ville sûre, 22:73 - exemple d'une mouche, 18:32 - exemple donné de deux hommes avec deux jardins, etc.)

Il y a aussi beaucoup d'autres contextes tels qu'envisager un voyage ou voyager (3: 156; 4:94; 4: 101; 5: 106 (témoingnages  et voyages) 73:20; 2: 273); ou de condamner (2:61 - Les plaintes des enfants d'Israël concernant la nourriture); sceller (18:11 - les compagnons de la grotte),  emporter (comme dans le rappel 43: 5) et bien sûr, frapper ou battre (2:60, 2:73, 7: 160 (Moïse (psl) et la roche); 8:12 (instruction aux anges); 20:77 (Moïse (psl) ); 24:31 (femmes et pieds); 26:63; 37:93; 47: 4 (champ de bataille); 8 : 50; 47:27 (anges et mort))

(2) 'iDRiBOHUNNA' SIGNIFIANT EVITER OU SEPARER

«Daraba» peut également vouloir dire se détourner ou fuir s'il apparaît avec la préposition 'an' . Comme il n'y a pas de préposition 'an' dans le mot Coranique 'idribohunna', il est généralement opposé le fait que le mot arabe ne peut pas prendre le sens de «fuir / se détourner» dans ce contexte.

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Source: Edward Lanes Lexicon [4]

Cette forme peut également etre observée dans le verset 43.5

043.005

Doit-on mettre ce Rappel loin de vous et vous ignorer (se détourner) parce que vous êtes une nation qui a transgressé toutes les limites?

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Cependant, il ressort de certains lexiques arabes que l'expression «Idribohunna» ne requiert pas nécessairement la préposition 'an' pour faire en sorte que l'interprétation "éviter- se détourner de" soit opérationnelle. Par conséquent, le mot «Idribohunna» dans le Coran peut encore conserver le sens de «se détourner - éviter" sans nécessiter la présence de la préposition ' an '.

Veuillez observer l'exemple extrait ci-dessous.

 

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Source: Edward Lanes Lexicon [5]

 

Cette forme trouve également soutien à travers la philosophie globale du Coran qui souligne que les fondements du mariage doivent être gérés  avec bonté, respect et sans nuire à l'autre.

D'autres auteurs, se basant sur des lexiques en arabe sérieux, ont abouti aux même constats.

"Néanmoins, la réduction de sa signification dans une instance donnée n'est pas aussi difficile que cela puisse d' abord sembler, parce qu'en Arabe, les verbes n'acquèrent diverses connotations que s'ils sont combinés à des prépositions spécifiques. Par exemple daraba acquiert le sens de« séparer »en combinaison avec baina, et le sens de «se détourner de", "quitter", "pour éviter" et "à éviter" en combinaison avec "an". Dans le passage en question, daraba n'est combiné à aucune de ces prépositions. Pourtant Lane souligne que la forme impérative du verbe, udribu, munie ou non d'un "an", peut vouloir dire " ignorer "," ne pas porter attention à " , ou "se détourner de", ainsi que "frapper", "battre", ou "cogner." Par conséquent, udribu-hunna, pourrait signifier, "battre" ou " les frapper," ou de manière alternative, "se détourner d'elles", "les ignorer" ou "les fuir". [6]

Veuillez vous reporter à l'article annexé [1] ci-dessous pour une analyse plus approfondie de l'expression "Idribohunna"

(3) LE VERSET "FRAPPEUR" ET LA NON SEPARATION DANS LE TEMPS (VERSET 4,34)

Comme il est communément accepté que «Idribohunna» a pour sens «battre», de nombreux savants musulmans ont contribué à contextualiser les coups pour opérer une approche corrective.

Les théologiens musulmans découpent les actions à entreprendre selon un processus disciplinaire à 3 étapes découpage qui semble être lié la gravité des mesures correctives.

Cependant, si l'on relit le verset 4:34 en arabe (comme ci-dessous) et dans son contexte plus large, on pourra noter qu'une séparation temporelle n'est pas nécessairement une des conséquences du verset (ie l'étape 1 suivie de l'étape 2 et l'étape 3 comme mesures disciplinaires à prendre pendant un intervalle de temps).

En particulier, le mot arabe «wa» n'indique pas nécessairement une séparation dans le temps, mais plutôt un ensemble d'actions qui peuvent être effectuées simultanément ou bien lors de séquences relativement courtes (sans intervalle significatif entre les séquences).

Au contraire, si le séparateur «wa» devait être compris comme séparation des étapes disciplinaires (comme cela est généralement admis), alors comment expliquer qu'on ne trouve aucune indication dans le Coran concernant la définition de ces périodes ? E plus, on ne voit pas de critère objectif permettant d'évaluer chaque étape, laissant le mari se questionner en toute subjectivité alors qu'il peut être déjà dans un état grave, ou avoir  subi éventuellement une agression. Il est également utile de noter qu'il y a une absence de mesures "correctives" similaires lorsque le mari est également coupable de «nuchuz» (mauvaise conduite, se lever contre, déserter, rebélion, dissonance, belligérance ou hostilité) envers l'épouse (4 :128) ce qui conforte l'idée que le verset 4:34 n'envisage pas de réelle séparation dans le temps.

 

Autre traduction :

004:034 (partiel)

"... Quant à celles dont vous craignez la mauvaise conduite ( en arabe: nushuzahunna) conseillez-les ( en arabe: fa'izuhunna) et (arabe: wa) abandonnez leurs (arabe: uh'juruhunna) lits et (arabe: wa) séparez vous d'elles ( en arabe: idribohunna) ;. mais si elles reviennent à l'obéissance, alors ne cherchez pas contre eux des issues. En effet, Dieu est le Plus Elevé, le plus Grand "

Veuillez également noter que le mot arabe "fa'izuhunna"  pour racine (waw-ayn-za) et qu'il ne se limite pas exclusivement à la définition  «réprimander». En revanche , il peut englober aussi le sens de  "donner de bons conseils" , de rappeler l'une des issues des relations, de prêcher, conseiller et d'avertir.

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EXEMPLES D'UTILISATION DES «WA» (ET)

004:035

"And if you fear a breach between the two, then appoint an arbiter (Arabic: hakamamin) from his people and (Arabic: wa) an arbiter (Arabic: hakamamin) from her people; if they both desire agreement, God will effect harmony between them, surely God is Knowing, Aware."

En lisant le verset suvant 4:35 qui concerne l'arbitrage, on constate que la conjonction préfixée «wa» n'est clairement pas utilisée comme une séparation dans le temps, mais comme approche à réaliser simultanément ou dans une succession immédiate.

004:035

"Et si vous craignez un désaccord entre les deux, alors nommer un arbitre ( en arabe: hakamamin) de son peuple et ( en arabe: wa) un arbitre ( en arabe: hakamamin) de son peuple; si les deux veulent lar éconciliation, Dieu rétablira l'entente entre eux, sûrement Dieu est Connaisseur; Consient. "

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Même dans le verset suivant (4:36) nous remarquons que le mot «wa» est utilisé pour désigner l'adoration de Dieu Seul. Personne ne prétendra qu'il s'agit d'une séparation temporelle, mais il s'agit plutôt d'une action qui doit être effectuée de manière simultanée (i.e. adorer Dieu en même temps que de ne pas lui associer d'autres divinités).

004:036 (partiel)

"... Servez Dieu, et ( en arabe: wa) ne lui joindre aucun partenaire ..."

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Il existe un grand nombre d'exemples dans le Coran tels que l'obéissance à Dieu et (wa) au messager (64:12) qui est une action simultanée.

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En outre, on constate que dans les consignes concernant  les ablutions (5: 6), la conjonction «et» (wa) est utilisée comme séparateur de séquences ( «Quand vous vous levez pour la prière, alors lavez vos visages, et (wa) vos mains jusqu'aux coudes et (wa) essuyer vos têtes et (wa) vos pieds jusqu'aux chevilles "). Rien n'indique dans ce verset que ces actions devraient être menées pendant une longue période plutôt que dans le cadre d'une séquence globale.

Par conséquent, compte tenu des possiblilités offertes c'est à dire  que toutes les actions se produisent simultanément ou qu'il y ait une une courte séquence globale, on pourrait alors admettre l'interprétation , dans le verset 4:34, d'une procédure disciplinaire en trois étapes aboutissant donc à battre l'épouse. Enfin, cette  derniere interprétation  «battre» ne serait certainement pas la forme la plus concluante/ appropriée non seulement linguistiquement, mais aussi à la lumière de la philosophie globale du Coran pronant respect mutuel et amour.

En revanche, on pourrait argumenter que «idribohunna» se réfère au processus de séparation ou fuite - donné à titre d'exemple - sous-jacent à l'approche individuelle naturelle. Cela s'applique certainement lorsqu'il est question du cas très sérieux de «nushuz» (mauvaise conduite, se lever contre, désertion, rébellion, dissonance, belligérance ou hostilité).

Le côté simultané ou séquentiel des actions est également renforcé dans le même verset où l'arabe «Fa'in» (meilleure traduction : mais si / alors si) est effectivement utilisé comme  séquence temporelle (s'ils corrigent leur comportement, ne cherche pas d'issue contre eux).

L'on devrait toujours chosir l'interprétation la plus consistante à la lumière non seulement de tous les récits coraniques mais également de la philosophie coranique globale, i.e. le meilleur sens possible.

039:018

«Ceux qui écoutent la parole puis en suivent le meilleur, ce sont ceux que Dieu a guidés, et ceux-là sont les hommes de compréhension"

(4) SI LE MARI EST COUPABLE DE "NUSHUZ", UNE EPOUSE PEUT EGALEMENT RECOURIR A UNE DEMANDE DE REPARATION

Les directives Coraniques protégent les deux parties et si un homme est coupable de «nushuz», une femme peut également recourir à ses droits.

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«Si une femme craint la cruauté ou de désertion (arabe: Nushuzun) de la part de son mari, il ne leur est pas blâmable d'organiser un arrangement amiable, et cet arrangement est meilleur, même si les âmes humaines sont influencés par la cupidité. Mais si vous faites le bien et pratiquez la maîtrise de soi, Dieu est Connaisseur de ce que vous faites."

 (5) QUELLE EST LA PLUS ANCIENNE REFERENCE / TRADITION ISLAMIQUE PARLANT DE BATTRE ?

La source islamique la plus ancienne est un conteur professionnel, le biographe et historien Ibn Ishaq. Le fait de battre est mentionné dans sa Sira (biographie) de Muhammad (psl) dans une section appelée «pèlerinage d' adieu». Veuillez retenir qu"Ibn Ishaq dessinait en se basant sur un vivier de traditionalistes plusieurs décennies avant que les travaux des «collectieurs de Hadiths» tel que Al-Bukhari ne fassent jurisprudence. (Voici une discussion hors du champ de cet article qui ne sera donc pas développée ici).

Voir l'article: Ibn Ishaq

«Vous avez des droits sur vos épouses et elles ont des droits sur vous. Comme droit vous avez le fait qu'elles ne doivent pas souiller votre lit et qu'elles ne doivent pas se comporter ouvertement de manière déconvenue. Si elles le font, Dieu vous permet de les mettre dans des chambres séparées et de les battre , mais pas de manière sévère» [7]

(6) DONC QUE S'EST-IL "PROBABLEMENT" PASSÉ?

Il est possible qu'à l'époque du Prophète, ce verset a été compris d'une manière non agressive et que le terme «idribohunna» a été compris comme «les fuir».

Cependant, après une certaine période, beaucoup d'anciens Arabes ont utilisé ce mot pour trouver des justifications concernant leur approche prenant la forme la plus agressive du mot pour justifier leurs actions et afin de se plier à leurs sensibilités culturelles pré-islamiques. Une fois que cette interprétation agressive a proliféré, de nombreuses traditions ont été formulées au nom du Prophète pour le contrer par exemple, 'Je (le prophète) voulais une chose, mais Dieu en voulait une autre ». Malgré les problèmes et les questions qui émergèrent comme «le Prophète est-il plus miséricordieux que le Créateur?» et «Comment le désir du Prophète pourrait aller à l' encontre de ce que le Seigneur décrète ?» de nombreux récits issus de conteurs sont entrés en circulation.

Dans un tel scénario, leurs théologiens musulmans contemporains ont sans aucun doute eu l'énorme tâche d'essayer de passer au crible les textes et de concilier les traditions attribuées au Prophète avec les lois du Coran. Il est fort possible que le développement des 3 étapes trouve son origine dans la jurisprudence islamique des premiers temps compte tenu des écarts d'opinions. Cependant, à la lecture les Ecritures elles-mêmes, cette situation n'est pas envisageable à moins que l' on tente de le concilier avec ces récits qui sont des sources secondaires .

Enfin, il est clair que Dieu seul sait le mieux ce qui est arrivé et cette suggestion n'est proposé que comme une simple possibilité.

(7) ARGUMENTS CONTRE LA RECHERCHE D'UNE INTERPRETATION ALTERNATIVE

Il est impératif à mon humble avis de considérer quelques arguments forts contre la recherche d'une autre interprétation ainsi que cela a été mentionné dans le présent article.

Par honnêteté intellectuelle, je pense que les lecteurs devraient considérer ces affirmations avec un esprit ouvert, cependant critique.

1. Pourquoi le Coran at -il fait usage d'un mot bien connu en arabe comme le 'daraba' qui se prête aisément à une nuance de sens agressive si ce sens n'a pas été l'intention du verset? En d' autres termes, pourquoi le Coran n'a-t-il pas simplement utilisé en guise d'alternative, un terme arabe sans équivoque à la place, ce qui laisserait aucune place au aucun doute chez le lecteur? Cela d'autant plus vrai  que la forme  intense du verbe en question  (frapper / battre ) ne se trouve dans le Coran que dans des contextes n'ayant pas de liens avec la vie maritale.  Pourtant e Coran prétend être un discours arabe claire. (à ce propos, veuillez vous référer à l' article [1] ci-dessousqui traite du verbe «idrib» tel qu'il est utilisé dans le Coran).

2. Pourquoi la large littérature islamique n'a-telle pas répandu l'explication particulière liée au sens alternatif (i.e. fuir) du terme arabe «idhrib» ? (Veuillez vous reporter à la section ci-dessus pour une raison possible).

3. Le contexte du «coup» allegé est seulement une mesure corrective destinée à être invoquée dans la situation très grave de «nushuz» de la part de la femme (mauvaise conduite, se lever contre, désertion, rébellion, dissonance, belligérance ou hostilité) au regard du caractère 'qawamun' du mari (mainteneur, protecteur, gardien, défenseur de sa famille). Biens sûr il ne vise pas à autoriser un lynchage  aveugle dû à la colère d'une brute de mari irritable, d'une femme sans défense et innocente, un simple caprice en gros. Son intention n'est pas de «faire du mal» , mais d'utiliser«une retenue suffisante, mesurée » afin de remédier à la situation précaire ayant eu lieu. Ceci intervient après que toutes les conciliations privées entre le mari et la femme aient été épuisées, et avant que l'affaire ne devienne publique avec la necessité d'un arbitrage. Finallement , les actions du mari seront jugées par Dieu qui llui a affecté des responsabilités spécifiques.

4. Les directives initiales du Coran sont spécifiques à un contexte et à un peuple,  ayant une certaine culture. Toute mise application postérieure du verset dépendra fortement  du nouveau contexte et de la nouvelle culture.

5. Il y a une différence entre «violence conjugale» et «action retenue / contrôlée» pour redresser une situation précaire, utilisée en dernier recours lorsque les possibilités de réconciliation ont été épuisées.

6. On ne peut pas imposer les vues occidentales modernes à la sagesse divine tournée vers l'humanité ou un peuple particulier à une époque particulière.

7. Le Coran accorde au mari des responsabilités telles que fournir du soutien, être garant, entretenir sa maison, mais également sa femme et ses enfants (qawamun 4:43), et ce afin d'assurer l'empathie et l'amour dans la demeure ainsi que rétablir l'équilibre dans le cas d'une faille.

PENSÉES FINALES

Les musulmans font souvent un grand tort au Coran et à son immense pouvoir en suggérant  que ce dernier ne peut être compris que par des ecclésiastiques désignés tacitement pour contrôler son interprétation ou après une connaissance exhaustive de l'arabe et sa grammaire. Bien sûr, aucun étudiant sérieux du Coran ne pourra douter du fait qu'une connaissance approfondie de la langue arabe classique est un atout extrêmement important. De même qu'ils n'emettront pas de doute sur le fait qu'il est impératif d'avoir un oeil critique sur les opinions des autres chercheurs.

Cependant, la logique interne et l'harmonie du Coran sont si cohérentes qu'elles transcendent le langage et parfois peuvent être utilisées pour exposer les faiblesses des définitions admises ainsi que de certaines opinions collectives.

Le cas de 'Idribohunna' traduit par «battre l'épouse » peut illustrer ce propos.

 

RÉFÉRENCES

[1] LANE. E.W, Edward Lanes Lexicon, Williams and Norgate 1863; Librairie du Liban Beirut-Lebanon 1968, Volume 5, Page 1775

Les traits rouges sur l'extrait de lexique sont mes propres insertions. Ils n'ont aucune incidence sur le texte original, à part illustrer le sujet abordé . Ces illustrations n'ont été utilisées qu'à des fins explicatives.

[2] ASAD. M, The Message of THE QUR'AN; Dar Al-Andlus Limited, 3 Library Ramp Gibraltar, Spain 1980, Verse 2:72, Note 57

[3] PENRICE. J, A Dictionary and Glossary of the Koran, Adam Publishers & Distributors, First Edition 1873, Reprinted in India 1991, Page 87

[4] LANE. E.W, Edward Lanes Lexicon, Williams and Norgate 1863; Librairie du Liban Beirut-Lebanon 1968, Volume 5, Page 1779

Les traits rouges sur l'extrait de lexique sont mes propres insertions. Ils n'ont aucune incidence sur le texte original, à part illustrer le sujet abordé . Ces illustrations n'ont été utilisées qu'à des fins explicatives.

[5] Ibid.

[6] LANG. J, Losing My Religion: A Call for Help, Amana Publications, First Edition, Page 429 Author Reference [93] Edward Lane, Arabic-English Lexicon, Fredrick Unger Publishing (1956), page 1779, first column, two-thirds down the page.

Les traits noirs et gras sont mes propres insertions. Ils n'ont aucune incidence sur le texte original, à part illustrer le sujet abordé . Ces illustrations n'ont été utilisées qu'à des fins explicatives.

[7] GUILLAUME. A, The Life of Muhammad: A Translation of Ishaq's Sirat Rasul Allah, Oxford University Press, Page 651

Les traits noirs et gras sont mes propres insertions. Ils n'ont aucune incidence sur le texte original, à part illustrer le sujet abordé . Ces illustrations n'ont été utilisées qu'à des fins explicatives.

 

Traduit de l'anglais par Mohamed Hedjaj

Article original :Does the quran sanction wife beating

Source : quransmessage.com

 

 

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