Par A. Muhammad.
Dans le Coran, Dieu interdit aux croyants d'offrir des prières pour les dénégateurs ou les idolâtres, qu'ils soient morts ou vivants :
S'ils meurent en tant que dénégateurs ou idolâtres, rien ne peut changer leur destin, pas même des prières :
La vérité est connue de tous les lecteurs du Coran et n'est pas sujet aux disputes. Le but de cet article est de chercher la légalité et les bénéfices (s'il y en a) à offrir des prières aux croyants. Pour cela, nous devons d'abord distinguer deux types de prières :
1. Les prières pour les croyants qui sont toujours vivants.
2. Les prières pour les croyants qui sont morts.
Certains ont interprété ce verset de telle manière à autoriser les prières pour nos bien-aimés qu'ils soient vivants ou morts, mais si on examine ce verset, et le verset précédent, on trouve une bonne indication que Dieu nous invite à prier pour nos parents de leur vivant. Lisons le verset 23 :
Les mots "adresse-leur des paroles respectueuses" ne peuvent s'appliquer que lorsqu'ils sont vivants, on ne parle pas à des morts ! Une fois décédés, ils seront jugés selon leurs œuvres sur terre et selon la Miséricorde de Dieu, nous ne pouvons rien faire pour changer cela.
Nous lisons également que les anges offrent des prières pour ceux (vivants) sur terre :
Les mots "ceux qui sont sur terre" sont ici évident.
On doit souligner ici que les prières pour les croyants vivants sont encouragées par Dieu pour un certain nombre de raisons :
1. Les prières pour les croyants vivants ne sont pas liées au jugement qu'ils recevront de Dieu le Jour du Jugement. Ce jugement est exclusivement réservé au Tout-Puissant et on nous apprend dans le Coran qu'il est principalement basé sur les œuvres et les actions de chacun sur terre. Par conséquent, puisque nous n'implorons pas Dieu pour altérer ou changer le jugement qu'ils recevront le Jour du Jugement, ce type de prière ne peut pas être classée comme une forme d'intercession.
2. Les prières pour les croyants vivants (qui ne sont donc pas des intercessions), et l'imploration de Dieu en général, sont une expression sincère de notre adoration de Dieu. Implorer Dieu équivaut à faire confiance et à accepter Son autorité absolue pour répondre à nos prières. C'est aussi une acceptation que Dieu seul possède l'autorité absolue pour guérir et soulager les difficultés pour lesquelles nous prions. Le lien entre l'imploration de Dieu et son adoration est rendu évident dans les mots coraniques suivants :
Les mots "invoquez-Moi" et "M'adorer" dans ce verset confirment que l'imploration est en réalité une expression essentielle de l'adoration (lire: Adorer Dieu).
La prière pour un être cher, dont nous pensons qu'il est mort en croyant, est catégoriquement différente, car dans ce cas nous n'implorons pas Dieu pour les guérir ou pour les aider, mais nous implorons Dieu pour changer le jugement qu'Il décrète pour une personne le Jour du Jugement et pour que ses péchés soient pardonnés. Toute imploration pour demander à Dieu de changer ou d'améliorer le jugement qu'Il décrète est définie comme une tentative d'intercession pour eux. Ce que cela signifie en réalité est que nous intercédons auprès de Dieu pour leur délivrer un jugement plus favorable ! Au final, cela amène la question suivante : comment Dieu peut-Il être imploré pour exercer plus de miséricorde quand Il est le Plus Miséricordieux et qu'Il a décrété que la Miséricorde est un de Ses attributs ?
De plus, le concept de l'intercession est catégoriquement refusé dans le Coran :
Le Jour du Jugement toute intercession est inutile à moins qu'elle ne coïncide avec la Volonté de Dieu :
De plus, de nombreux versets dans le Coran montrent clairement que le Jour du Jugement, et selon la Justice Absolue de Dieu, aucune personne ne pourra être créditée d'autre chose que de ses propres œuvres, et qu'aucune âme ne pourra porter le fardeau d'une autre :
Ce que cela signifie est qu'au Jour du Jugement aucune âme ne profitera d'autre chose que ce dont elle a accompli personnellement, toutes nos prières pour quelqu'un d'autre n'altèreront pas son jugement. Cela signifie également que de nombreuses pratiques faites par beaucoup de Musulmans aujourd'hui pour leurs parents morts sont totalement inutiles. Il est totalement inutile d'accomplir le Hajj au nom d'un parent décédé, il ne gagnera pas le crédit de l'avoir accompli puisque ce n'est pas lui qui l'a fait. La même chose s'applique pour le jeûne ou la zakât fait au nom d'une personne décédée. Tout cela est totalement inutile. Ils ne profiteront pas de ce que nous faisons en leur nom, leurs œuvres n'en seront pas créditées. La Salât, le Hajj, le jeûne et la Zakât sont tous des actes d'adoration et Dieu n'accepte pas de nous que nous agissions comme des représentants accomplissant des actes d'adoration au nom d'autres personnes !
Au moment où l'être humain meurt, son livre (enregistrant ses œuvres) est scellé et rien ne peut le changer d'une manière ou d'une autre. Malheureusement de nombreux Musulmans rejettent ces vérités coraniques et préfèrent croire en des hadiths corrompus qui recommandent ce qui est contraire aux enseignements coraniques !
En vertu de ces deux versets et d'autres versets coraniques, nous avons un aperçu de la Miséricorde Infinie de Dieu. Dieu peut pardonner tous les péchés des croyants tant qu'ils évitent l’idolâtrie. Si nous prions encore Dieu pour qu'Il pardonne les péchés des croyants morts, ne sommes-nous pas coupables de remettre en question la promesse de Dieu en 39:53 ?
Immédiatement, nous notons une différence très importante entre 17:24 et 14:41. En 17:24, la prière pour les parents (de leur vivant) nous est donné par Dieu. Alors qu'en 14:41, la prière que nous lisons n'est pas donnée par Dieu, c'est une prière prononcée par Abraham.
Certains diront rapidement : "Et bien c'est assez pour moi, si cette prière était prononcée par le prophète de Dieu, Abraham, alors c'est quelque chose que nous devons suivre".
Cependant, si nous cherchons la guidance du Coran, on notera ce qui suit :
1. C'est une prière personnelle prononcée par Abraham, cela ne peut constituer une loi que nous devons suivre.
2. On apprend plus tard qu'Abraham n'était pas autorisé à prier pour son père qui est un adorateur d'idoles. Cela indique que cette prière offerte par Abraham (pour ses parents) n'a pas été autorisée par Dieu. On lit également en 9:114 que la prière d'Abraham n'était pas juste.
3. Qu'une prière soit offerte par un messager ne veut pas dire que nous devons faire de même ou que c'est juste. En 11:74 nous apprenons comment Abraham essaya de prier pour le peuple de Lot, ce qui fut rejeté par Dieu (11:76). De la même manière, les prières de Noé pour son fils (11:46) et de Mohammed pour son oncle (111:1-3) furent aussi rejetées par Dieu.
4. Si nous examinons 14:41 encore une fois, on est capable de voir comme il est en désaccord avec d'autres paroles coraniques :
Maintenant méditons sur ces mots à la lumière des paroles divines suivantes :
Ces mots sont plutôt convaincants pour affirmer que le Jour du Jugement, rien n'aura le moindre poids face à notre jugement excepté la volonté de Dieu. Nous savons également que le Jugement de Dieu est basé seulement sur nos PROPRES œuvres et notre propre croyance, et non sur la manière dont d'autres personnes ont prié pour nous.
Pour commencer, on nous dit en 72:18 que la mosquée ne sert qu'à une seule chose, et c'est l'adoration de Dieu. La mosquée ne sert pas à y amener des cercueils contenant des personnes décédées et à leur offrir des prières.
De plus, on nous dit en 6:162 que la prière (salât), ainsi que tous les autres rituels, doivent être dédiés au seul nom de Dieu, et à personne d'autre. Établir une salât en réponse à la mort d'un être humain est en violation de 6:162.
Les partisans de cette Salât non-coranique argumenteront que ce n'est pas une salât dans le sens traditionnel du terme puisqu'il n'y a pas d'inclinaison ou de prosternation, et qu'elle est bien plus courte. Cette excuse n'est pas acceptable simplement à cause du fait que ce n'est pas la forme qui valide ou invalide un rituel, mais le cœur du rituel et pour qui il est dédié. Puisque cette salât est faite purement en consécration de la personne décédée, alors elle est illicite, quelque soit sa forme.
Réfléchissons maintenant aux mots de 9:84 :
Les mots-clés dans ce verset, en ce qui concerne notre recherche, sont "la tussallee `ala ahadan minhum". Ces mots sont utilisés dans le Coran dans plusieurs versets. Il ne veulent PAS dire "ne priez pas pour eux" (comme certains l'ont interprété). Et ils ne font pas non plus référence à la "Salât funéraire". Quand on consulte les versets où ces mots sont utilisés (33:43, 9:103, 33:56) on réalise que ces mots signifient simplement "ne les supporte pas". Examinons ces versets :
Il est clair que Dieu ne dirige pas ici une Salât pour les croyants !
Une nouvelle fois, il est clair que le messager ne va pas diriger une Salât dédiée aux croyants !
Encore une fois, il est clair que ni Dieu ni les anges ne dirigent une Salât pour le Prophète, et que les croyants ne sont pas obligés de faire cela.
Par conséquent, on peut établir que l'interdit en 9:84, qui est lié aux mots "la tussallee `ala ahadan minhum" est une interdiction de supporter n'importe quel dénégateur décédé. La question évidente est : comment pouvons-nous supporter une personne décédée ? Le support peut s'exprimer de différentes manières : prendre part aux funérailles, prendre part à l'enterrement, contribuer au coût des funérailles ou de mémorial etc...
2. Pouvons-nous inciter Dieu (en priant) à exercer plus de miséricorde envers nos bien-aimés quand la Miséricorde de Dieu est infinie ?
3. Puisque Dieu pardonne tous les péchés des croyants (39:53), que signifie alors prier pour une personne décédée ? Ne croyons-nous pas en 39:53 ?
4. Pouvons-nous ignorer la vérité de 53:19 et 6:164 et insister à affirmer que nos bien-aimés bénéficieront de nos prières ?
5. Est-t-il correct d'intercéder en faveur de nos bien-aimés qui sont morts et en attente du jugement quand le Coran énonce qu'il n'y aura aucune intercession le Jour du Jugement ?
6. Croire au Coran et à ses enseignements mène les croyants à accepter sans doute possible que, grâce à la Miséricorde Infinie de Dieu, tous les croyants seront au final pardonnés, pas parce que d'autres ont prié pour eux, mais parce que la Miséricorde de Dieu est Infinie.